Marronnier

 

Les zinfos sont ainsi conçues qu’elles vous abreuveront de marronniers sans échappatoire jusqu’à la fin des temps. Comprenez des reportages ou articles pot de colle qui, dans le jargon, permettent de ne pas se fouler outre mesure. On ne remerciera jamais assez la gent journaleuse de nous offrir par exemple ces surprenants spectacles de canicule et de verglas. Ou ses rappels réguliers que l’hiver est la saison de la dinde alors que l’été aussi, images de Côte d’Azur à l’appui.
Sur l’échelle du scoop, le marronnier se situe donc entre le néant et la roupie de sansonnet.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

L’entrée de cet arbre inoffensif dans notre argot est sans doute liée à la chute de ses feuilles dans les cours de récré quand l’automne aboule. Que la rentrée scolaire constitue the marronnier n’est donc pas le fruit du hasard.

En parlant de fruit, figurez-vous que le marron n’est autre qu’un héritage du mot ligure « mar » (« caillou ») par analogie à sa forme. Ça ne vous rappelle rien, dites ? Hein ! Dès qu’on s’attaque à la racine, l’ébahissement le dispute à l’incrédulité (j’en suis perso resté comme deux ronds de flan).

Le marronnier du journaliste, lui, trouve racine dans la nécessité de rassurer ses ouailles. A période fixe, sujet fixe, histoire que le mouton y retrouve toujours ses petits. Les soldes, le prix de l’essence, le pollen, voilà qui nous concerne tous. On trouve toujours dans un marronnier le signe de notre appartenance à une même communauté, soumise au cycle des saisons et des traditions. Pas de panique, le destin de notre prochain est scellé au nôtre.
Pendant ce temps-là, évidemment, interdiction de sortir du rang et on est exempté de vaquer à du consistant (d’où venons-nous ? où allons-nous ? comment lui dire qu’on l’aime ? quand est-ce qu’on mange ?).
Et là, c’est le drame.

 

Que faire pour que ça s’arrête, nom d’un delahousse ? Plusieurs options : quitter la pièce à la moindre évocation d’un juillettiste croisant un aoûtien ; obliger les journaleux à s’écouter ronronner, y’a pas de raison ; leur expliquer comme c’est pénible d’être pris pour des gros bébés réclamant leur livre d’images avec une avidité chaque soir intacte.
Ou rester branché sur les journaux de France Culture d’où marronniers et faits divers ont été purement et simplement éradiqués – écoutez ce que ça donne, on a l’impression de manger de la mousse.

Merci de votre attention.

 

Une réflexion sur “Marronnier

  1. On peut donc les laisser marronner dans leurs feuilles de choux… et nous marinerons dans l’ignorance !

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