Arrêtons de pavoiser, non, nous ne sommes pas les seuls à avoir des paupières.
E.T., Wall-E en sont pourvus, ainsi que toute l’Asie du Sud-Est – encore que, les pauvres, ça et rien c’est pareil. Le meilleur ami de l’homme en héberge carrément une troisième, qui s’ouvre et se ferme latéralement ! Sans rire hein, la membrane nictitante, ça s’appelle. Nous autres bipèdes n’en avons conservé qu’un vestige planqué. D’après Darwin, les peuples d’Afrique sont réputés en avoir une plus grosse que le reste de l’humanité.
Mais revenons à nos moutons, moutons. Vite vite avant de déraper.
Déjà, grâces leur soient rendues d’embrayer comme des grandes après le marchand de sable. Et quelle est la dernière marque physique de respect qu’on témoigne à un mort ? Lui abaisser les paupières.
Rembobinons.
Née palpere dans la première moitié du XIIe siècle, la précieuse membrane se fige en paupiere avant de faire de l’œil à son accent grave en 1740. Elle dérive du latin palpetra, variante de palpebra, utilisé encore tel quel par l’italien et le portugais. La prochaine fois que vous causerez paupières avec votre ophtalmo, balancez-lui donc l’adjectif palpébral, qu’il sache à qui il a affaire.
Tiens ben palpebra n’est autre que le pluriel féminisé de palpebrum, littéralement « ce qui sert à [palpare] caresser » la pupille et même à la « [palpitare] caresser souvent ». Voyez d’ici la descendance en français, mes petits pères. Pas étonnant qu’une nana signifie son transport en agitant frénétiquement les paupières : ça palpite à l’intérieur ! D’ailleurs, son congénère, persuadé d’être attiré en premier par les mirettes adjacentes, se trompe comme un gros lourdos. Ce sont ces papillonnantes paupières, fardées à dessein, qui provoquent en lui des envies de palpation.
Rétif aux choses de l’amour ? Un peu d’étymo et on y voit plus clair.
Merci de votre attention.