Enfilons céans la blouse du véto, l’examen du clébard n’attend pas. Quoique, rapide détour par l’Alsace : on peut sur les hauteurs de Munster réserver son séjour à la « Maison du Kleebach ». Jusqu’où va se nicher l’humour des fromages qui puent.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Clébard désigne indifféremment tous les représentants de la gent canine, du pinscher nain au cocker en passant par l’épagneul breton. On note toutefois que passé un certain pedigree, colleys et autres lévriers afghans reprennent leur qualité de chien.
D’ailleurs, caniche et bouledogue n’ont pas été évoqués car à proprement parler, ils sont dans le jargon des erreurs de la nature.
Nuances de la langue toujours, si « gentil toutou » tient du pléonasme, clébard est plus neutre, voire légèrement péjoratif ; peu s’en faudrait qu’il ne nous aboie dessus. On caresse le toutou, on évite le clébard, c’est comme ça.
Sur la même racine, nous connaissons par cœur le clebs, un poil plus affectueux. Attesté en 1863, il vient tout bêtement de kleb, pluriel de kalb ou kelb par lequel l’arabe d’Algérie appelle son chien. Le nôtre au moins – alors ça vole peut-être pas toujours très haut – mais on lui donne un nom.
A la décharge des crouilles de nos frères méditerranéens, ce sont leurs chiens d’infidèles, faut dire ce qui est, qui nous ont inspiré les chiens d’aveugles.
Le suffixe franco-français -ard a donc tôt fait de mettre sa patte sur clebs. L’argot est également friand de roquet et de cabot, plus volontiers pour les chiens de petite taille. Et même dans le dernier cas, par accointance paronymique, pour le grade peu élevé de caporal.
Laissons à Blaise Cendrars le soin de résumer tout ça :
Etre caporal c’est un métier de chien. Le cabot est le clebs de ses hommes.
Merci de votre attention. Rompez.
Un[e!] espèce de blog 