« Poutching-ball »

 

Tout va trop vite, tout fuse, tout raccourcit. Autant de motifs de geindre sauf pour ce qui est des jupes, car les jours rallongent dans la même proportion. Prise dans ce maelström, notre prononciation subit des mutations insoupçonnées : témoin le « poutching-ball », qui peu à peu évince le punching-ball qui l’avait précédé.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Pour mémoire, l’objet servait aux boxeurs à mesurer leur punch grâce à un manche flexible faisant, gaw gaw, toujours revenir la ball à hauteur de bourre-pif. Ce dispositif permettant de se défouler sans compter a pris en cinq sec le sens figuré de « souffre-douleur ». Good.

C’est alors qu’a surgi une espèce intermédiaire ayant nom « pountching-ball ». Première bizarrerie de dame Nature : l’émergence d’un [u] comme dans putsch, qu’on ne retrouve ni dans la poigne susmentionnée [pʌnʃ], ni chez le puncheur cher aux commentateurs cyclistes (même prononciation), ni, en poussant jusqu’aux Antilles, dans le ratafia éponyme [pɔ̃ʃ].
Sans blague, ululez punch, pour voir. Si si, soyez pas timides ! M’étonnerait que les dieux de la phonétique ne vous foudroient pas de tout l’opprobre qui est en leur pouvoir.

Et c’est bien dommage car, du coup, point ne leur en resterait pour punir les lettrivores adeptes du « poutching-ball ». Un n vous manque et tout est dépeuplé, n’ayons pas peur des mots. En tout cas, de çui-là, on risque pas d’avoir peur, comparé au compagnon d’échauffement des brutes de tout à l’heure. Déjà, « pountching-ball » faisait fillette mais avouez que « poutching-ball », dans le genre tantine, ça se pose là.

On conçoit qu’amputé d’une consonne, le dernier-né file plus droit en bouche. Quant au pourquoi du [u], on le cherche encore. Analogie subliminale avec les coups portés ? Le souffle du sportif (ffh ffh) calqué sur son jeu de jambes ?
Mystères de la francisation.
Dans l’absolu, on n’a rien contre celle-ci, attention, c’est le jeu. Où irions-nous sans wagon ? Oserions-nous l’ouvrir aussi grand sans « chouingue » ? Et je ne vous parle même pas du shampooing, ce prodige de tortuosité (ajout d’un suffixe qui est un contresens dans la langue d’origine, auquel on applique notre propre phonétique, à l’inverse par surcroît de la syllabe qui précède ; y’a pas à dire, on aime quand ça mousse, nous autres).

 

Décomposons le mouvement :

Punch = [pʌnʃ], on ne revient pas là-dessus ;
ing = [iŋ] comme dans chewing-gum (et sortez-moi ce « chouingue » de la bouche) ;
ball = [bɔ:l], ça roule tout seul.

Espèces de bloody frogs, comment faites-vous pour articuler punching-ball autrement qu’à l’anglo-saxonne ?
Vous la voyez, celle-là ?

Merci de votre attention.

 

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