Jour de paye, frites à la cantoche, eurêka quelconque, ola au débotté, on a toujours de l’enthousiasme à revendre. Il n’est pas jusqu’aux vieux ronchons revenus de tout qui ne prennent un malin plaisir à conchier leurs semblables.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Italie, Espagne : entusiasmo. Teutonnie : Enthusiasmus. Suède : entusiasm. Pologne : entuzjazm. Russie : энтузиазм ! On s’en doutait, l’enthousiasme est contagieux. Quant aux Anglais, ils postillonnent leur enthusiasm avec une gourmandise d’autant plus déconcertante que sa prononciation essuie mille périls.
Chez nous, rien à jeter dans ce th héllenique en diable, cette farandole de voyelles jouissives comme des points d’exclamation, ce je-ne-sais-quoi de noblesse dans la terminaison savante. Et comment passer sous silence ce préfixe, par lequel l’enthousiaste s’emplit de –thousiasme ?
Mais d’où qu’il vient, çiloui-là ? Les cocos, profitez pas trop de votre dimanche pour déserter la messe, le judéo-chrétien s’arrange toujours pour vous rattraper par le colbac. Enthousiasme jaillit en effet de l’adjectif grec éntheos, « possédé par les dieux ». Il figure dans le premier dictionnaire de l’Académie en 1694 mais Rabelais l’utilise déjà au sens de « délire sacré » et de « transport poétique sous l’effet de l’inspiration ». Version profane toujours d’actualité chez Molière un siècle plus tard (« exaltation poussant à agir avec joie »).
Un élan donc, dû aux visites de la Marie chez les grenouilles de bénitier. Ou chez les artistes, si tel est le blase de la muse.
Voilà pourquoi les cuistres pigeront de travers la première strophe de Let it be :
When I find myself in times of trouble
Mother Mary comes to me
Speaking words of wisdom
Let it be
Traduit par « ainsi soit-il », le titre schlingue l’extase mystique. Or ces mots apaisants et maternels sont en réalité ceux de Mary McCartney, dont Paulo fut orphelin tôt.
Fin de la séquence émotion, remballez vos briquets.
Merci de votre attention.