« Cocorico », fait le coq avant de finir au vin. Aucun doute : nous sommes le peuple de la gastronomie. C’est bien simple, on ne compte plus les estrangers nous ayant subtilisé le mot restaurant. A commencer par les anglophones ; et, quand on connaît leur bouffe, on conçoit que les drôles aient tout misé sur l’enseigne. « Fast-food » (où l’on mange mal mais vite), « buffet à volonté » (où l’on mange mal mais à volonté) parviennent néanmoins à tirer nombre d’entre nous hors du domicile (où l’on a tout le temps de faire bon et copieux).
Mais revenons à nos moutons, moutons.
A quelques exceptions près, restaurant égale fête. Au demeurant, son étymo est si limpide qu’on ne la voit plus : on y entre, tout sourire, pour se restaurer. Imaginons ces voyageurs harassés d’avant le hamburgé, volontiers ripailleurs, bombançant à coups de « Holà ! Tavernier ! » avant de cuver goûter un sommeil réparateur. Bête comme chou hein ? C’est d’ailleurs dans ce sens que l’on utilise restaurer tout court. Un restaurateur, lorsqu’il ne tient pas un restaurant, est celui chargé de « retaper » des antiquités de tous ordres :
Je me retaperais bien un peu de cette merde.
Précisément, avant que la métonymie eût fait son œuvre, un bon restaurant se trouvait dans l’assiette (« aliment, boisson qui restaure »).
Exactement comme un petit remontant, voui voui.
Le verbe n’a pas bougé d’un poil de pinceau depuis le latin restaurare : « rebâtir, réparer, renouveler ». Et ce radical –staurare ? Mais c’est celui qu’on retrouve dans instaurer. Il ferait même diantrement penser à son grand frère stare (« être debout »).
Statique comme une statue au stand de frites, derrière son taré de frangin.
(C’est pas un jugement, c’est un constat.)
Pour la petite histoire, selon Littré, le premier restaurant strico sensu fut ouvert près du Louvre en 1765 par un certain Boulanger. Qui, tel Christophe Colomb, crut jusqu’au bout tenir une boulangerie. Comme la clientèle chinoise s’entêtait à lui réclamer des baguettes, il devint fou et s’en fut, de dépit, engraisser les poissons de la Seine.
Merci de votre attention.