Indignons-nous aujourd’hui d’un mot qui n’aura cours que demain : inemploi. Comme vous l’aurez découvert ici même avant qu’on ne le mette à toutes les sauces en parlant du chômage, vous pourrez frimer en société tout votre soûl.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
On s’étonne que ce petit néologisme se terre encore dans les limbes du politiquement khôrrect et des zéléments de langage, plutôt généreux d’habitude en synonymes à la mords-moi-le-nœud. D’autant plus qu’on lui a préparé le terrain, à l’hideux : employabilité existe d’ores et déjà, son contraire itou. On distingue les actifs des inactifs depuis belle lurette. Quant à nos frères britanniques, ils ne nous ont guère attendu pour déplorer un unemployment endémique.
Il est vrai que de ce côté-ci de la Manche, on est trop occupé à « inverser la courbe du chômage », ce qui nous vaut cette mémorable chronique de l’implacable Etienne Klein (à écouter de toute urgence ou il vous en cuira).
La recette est pourtant la même que pour « croissance négative » ou « la baisse de la hausse » dont il semble qu’il faille se réjouir. Dans inemploi, l’important est qu’on entende emploi, comme dans malentendant (bien que les malentendants préfèrent sans doute sourd – mais ils n’y entendent rien).
Allez bricoler un diminutif plaisant là-dessus !
Celui qui se tourne les pouces (un fonctionnaire au hasard) pourra toujours avouer :
Je suis au chômdu
alors qu’il ne geindra jamais :
Je suis en inemp.
C’est bien la preuve que l’inemploi ne touche que les salariés du privé assistés bons français chômeurs et que la solution consiste à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux leur couper les allocs jeter les étrangers à la mer inemployer le mot. De toute urgence.
Merci de votre attention.