Le week-end approche dangereusement durant lequel vous avez prévu de vous mesurer aux murs porteurs de votre doux foyer, de jouer du foret dans un fracas de tous les diables histoire de montrer qui c’est le chef ici, bref, de faire des trous.
A cette fin, il vous faut disposer de l’engin idoine et de ses accessoires.
Déjà, l’idée qu’il faille rouler jusqu’aux confins d’une ZAC pour dégoter votre bonheur vous porte sur les nerfs. Mais ce que vous trouvez proprement inadmissible, c’est de devoir en plus y aller aux heures ouvrables. Le rêve serait d’avoir le magasin tout pour vous et à quelque moment que l’envie vous prenne, dût-elle se déclarer nuitamment.
Que ce soit castoche, en un mot.
Rassurez-vous, d’ici une décade à peine, tout ceci sera devenu réalité. Vous pourrez alors tirer les caissières de leur léthargie au moment de payer, fanfaronner l’arme au poing et charcuter vos cloisons quand la ville dort.
D’ici là, quelle attitude adopter ?
Réagissez en client-roi civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :
♦ Levez-vous à 4h tapantes et commandez l’objet sur Internet. Un pis-aller, j’en conviens, qui vous privera du plaisir de le soupeser, de caresser le percuteur, d’apprécier la sensibilité du bouton. Sans compter les 48 voire 72 interminables heures qui vous sépareraient encore du moment de la livraison, laquelle aurait lieu, autant vous le dire de suite, en plein jour. L’assouvissement légitime de vos désirs doit-il vous faire traverser de telles affres ?
♦ Invitez plutôt des copains bricolos à aligner leur véhicule sur le parking de la superquincaillerie. Un pour tous, tous pour un, faites vrombir le moteur et voler en éclats d’un même élan les portes qui se refusaient à vous. Ensuite et dans un joyeux chahut, vous mettrez un point d’honneur à réparer les dégâts, y’a tout ce qu’il faut à l’intérieur. Pour une fois, vos 4×4 respectifs serviront à autre chose qu’à parer les buffles en agglomération.
♦ Créez une faille spatio-temporelle. Si le souffle électromagnétique de la spire d’Ocean’s Eleven peut plonger tout Las Vegas dans le noir, c’est pas les horloges d’un Brico qui vous arrêteront, équipés comme vous êtes. Déclenchez l’engin peu avant la fermeture et attendez l’arrivée des étoiles. Ça secoue sur le moment mais le personnel à l’intérieur ne se doutera de rien en consultant sa montre arrêtée, tandis que l’aimable clientèle désertera peu à peu les rayons, taraudée par la faim et le sommeil. Vous n’aurez plus qu’à vous essuyer les commissures des sucs du kebab dont, prévoyant, vous vous serez repu en attendant. Et alors là, à vous la précieuse perceuse.
♦ Empruntez sur 12 513 ans et rachetez l’enseigne. Vous pourrez alors en parcourir les allées à loisir, les clefs tournoyant triomphalement sur votre doigt. Surtout, vérifiez que le roulement des astreintes garantit l’ouverture en continu. Comme vous aurez gardé la spire (parce que hein, faut rentabiliser), vous simulerez un huitième jour après le dimanche où l’on pourra venir vous acheter encore plus de perceuses.
Cette solution, la plus coûteuse, fera certes un trou dans votre budget. Mais vos lointains descendants chanteront vos louanges.
Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.