Il semble que sous couvert d’expressions zimagées, nous multipliions les approximations en oubliant la fière devise au fronton* de ce blog : « une erreur répétée n’a jamais fait une vérité ».
* frontispice ?
Mais revenons à nos moutons, moutons.
J’en veux pour preuve le désolant :
avoir un balai dans le cul.
Locution figée qui désigne des personnes dont la raideur est du même tonneau. Pourtant, a-t-on jamais vu dépasser de leur arrière-train la partie brosse ? Est-ce à dire que l’ustensile s’insère dans sa totalité ? On ne peut l’imaginer, même en cas d’orifice particulièrement dilaté. L’hypothèse est donc irrecevable, à moins d’avoir en réalité un simple
manche à balai dans le cul.
Imprécision, mère de malentendus.
Autre source de perplexité pour qui prend la peine de s’y arrêter,
avoir un poil dans la main
ou, pire encore,
un baobab dans la main.
Voyez où le bât blesse. Si cette terrible tare s’était avérée en un seul point de la planète, la communauté scientifique aurait accouru comme un seul homme et les photos de l’excroissance s’étaleraient partout. Par cette expression toute faite, on désigne clairement les individus soi-disant malformés comme des têtes de turc – quand bien même ils ne sont pas turcs. Par fainéantise sans doute.
Avoir le cœur sur la main
ne s’embarrasse pas plus de vraisemblance. L’opération implique pourtant un thorax assez mutilé pour y plonger une main ou pour qu’à l’inverse l’organe pendouille au-dehors, retenu tant bien que mal par la paume du pauvre bougre fauché par le shrapnel.
Dans tous les cas, on ajoute généreusement à l’aberration anatomique celle du langage. C’est du propre.
Et s’il vous arrive régulièrement d’
en avoir ras le bol,
qu’est-ce qui vous empêche de changer de bol ? Ou de casquette, de pif, de baigneur selon la circonstance ?
Quant à savoir s’il faut se mettre
en chien de fusil
ou
en chiens de faïence…
laissons là ces divagations, non sans y jeter l’œil torve qu’elles méritent.
Merci de votre attention.