Molardée par un locuteur plein de morgue choit parfois sur le tapis « ni fait ni à faire ». C’est pour dire « raté ». Comme l’expression en elle-même, j’en ai peur.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
A l’instar du vieux passant devant un chantier, un je-ne-sais-quoi d’irrésistible incite à contempler « ni fait ni à faire » toutes affaires cessantes. Son snobisme, probablement.
Mettons qu’à sa sortie en salles, on juge un navet en ces termes. « Ni à faire », on comprend ; mais pourquoi « ni fait », nom d’une comédie hexagonale ? Le film hélas étire bel et bien son heure et demie sous nos yeux, sans quoi personne ne serait là à commenter en prenant des airs.
On souhaiterait tellement n’avoir jamais vu la chose qu’on la nierait à ce point ? Belle mentalité. Car elle est, nom d’un tétraèdre irrégulier, bien qu’elle n’ait pas lieu d’être.
Plus juste serait un éventuel
ni à faire ni à refaire
mais l’étrangeté de cette proposition nous plongerait dans le surréalisme.
A moins que « ni fait ni à faire » ne nous situe dans un présent préservé, sans passé ni futur. Une sorte d’entre-deux idéal, où tout n’existerait qu’à l’état de concept et où l’on flotterait en se payant de mots avec des mines sérieuses.
Comme la ?… Foi ? Nom d’un signe de croix inversé, maintenant que vous le dites !
Ou comme la philo, si elle n’est point mise en pratique.
Décidément, ni faite ni à faire, cette expression.
Merci de votre attention.