Il y avait longtemps qu’on n’avait joué les orthophonistes. Aujourd’hui : « aujord’hui ».
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Pourquoi 220 millions de bouches francophones ne peuvent-elles réprimer ce o à la place du ou ?
Contrairement à d’autres mystères phonétiques, les raisons sont cette fois enfouies plus profond qu’il n’y paraît.
Si, en effet, nous tordons ainsi aujourd’hui à nos quatre volontés, c’est que, hop hop hop, nous négligeons l’instant présent pour nous projeter à demain (ou, tel Paulo, soupirer sur hier). Alors que l’oiseau s’échappe à minuit, après les douze coups, paradoxalement, on est toujours aujourd’hui. Z’aviez pas révisé votre philo mais demain n’existe qu’en pensée, n’en déplaise aux gus de chez Philips.
Résultat : « aujord’hui » file, on l’esquive, on préfère ne pas y penser.
D’où désinvolture.
C’est aussi, peut-être, pour éviter d’en sentir la composition tarabiscotée. Jugez plutôt : depuis l’ancien français, hui signifie justement « le jour où l’on est », eh hui. Si bien qu’« au jour d’hui » = fromage et dessert (la redondance suprême « au jour d’aujourd’hui » étant passible de 3 ans d’emprisonnement, assortis de 150 000 € d’amende en cas de prononciation « aujord’hui »).
A l’oral comme à l’écrit, la locution a donc fini d’un seul tenant, formant un cocon sonore au même titre que les pétété, laureléardi ou le tournoidesVInations.
Eh ben moi je dis qu’inconsciemment, « aujord’hui » atténue le pléonasme en glissant sur ce jour en trop.
C’est pas d’aujourd’hui, nous sommes tous des aujord’huistes.
Aussi, ne nous jetons pas la pierre.
Merci de votre attention.
Au jour d’aujourd’hui me fait toujours dresser les cheveux sur la tête ! et c’est un tic de langage vraiment répandu… enfin, il y a sûrement plus grave et cela ne nécessite certes pas de se mettre la rate au court-bouillon… (expression dont j’attends votre définition, origine et étymologie ! soit-dit en passant) ! Belle journée à vous, aujourd’hui et demain aussi !