De plus en plus, l’expression qui nous vient au sujet d’un retraité tout juste disparu du paysage est celle-ci :
il est en retraite.
Sa variante « partir en retraite » ne part pas moins en sucette.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Digne successeur d’« être en panique » déjà laminé dans ces colonnes, « être en retraite » supplante donc à fréquence exponentielle « être à la retraite » (ça sonne mieux tout d’un coup, trouvez pas ?).
Et bougoi ?
Zhypothèse 1 :
Nous nous laissons abuser par le lointain écho de « battre en retraite », exclusivement réservée aux fantassins qui n’en mènent pas large.
Zhypothèse 2 :
Pas moins trompeur, « être en retrait ». Sournois, çiloui-là. Surtout qu’« en retraite » se disait jadis à sa place… Or, c’est bien connu, se mettre en retrait (de la vie politique notamment) ne veut pas dire charrette. Sortir de sa retraite pour imposer à nouveau sa trombine au peuple est même monnaie courante.
Zhy3pothèse :
Nouveau départ pour certains, terreur existentielle pour les autres, dire « la retraite », c’est la voir se dresser devant nous, inéluctable. Alors qu’avec une simple préposition, exit l’article défini. Et hop : diluée, la menace !
Petit truc pour bannir définitivement « en retraite » de l’espace sonore : représentez-vous les baby-boomers « à la plage », « à la fraîche », « à la masse ». Remplacez maintenant par « en plage », « en fraîche » : avouez que vous vous empourprez. Et pourquoi pas « en masse » pendant que vous y êtes ?
Merci de votre attention.