Comme son nom l’indique, un endroit ombragé baigne dans l’ombre. Un loustic ombrageux, lui, baigne dans la parano ; il monte sur ses grands chevaux pour un oui pour un non voire se cabre lui-même, bref, prend ombrage de tout. On ne recherche pas l’ombre auprès d’un ombrageux.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Ombrage au sens propre : ce qui couvre d’ombre. Voyez le topo : au figuré, l’humeur noire n’est jamais loin. Puisque tout ça naît dans l’ombre, plongeons-y toutes affaires cessantes.
Diminution plus ou moins importante de l’intensité lumineuse dans une zone soustraite au rayonnement direct par l’interposition d’une masse opaque.
Académicien : un boulot à plein temps.
Les simagrées en moinsse, ce qui est à l’ombre est « à l’abri du soleil » depuis le Xe siècle (umbre). C’est au XVIe que le genre du mot se fixe au féminin, époque vers laquelle « porter ombre » préfigure notre « porter ombrage » d’ailleurs.
Umbre donc, à cause d’umbra, arrivé au latin par l’indo-européen unksra. Que d’aucuns n’hésitent pas à rapprocher (mais d’ici on voit pas bien) de l’ombre des Zanglais shade, shadow (skot- à l’origine).
Quant à sombre, il végète littéralement dans la sous-ombre (bas latin subumbrare, « couvrir d’ombre »).
Notons enfin qu’au lieu du verbe ombrager, on a bien failli hériter d’ombroyer et de ses nombreuses variantes :
onbroier, ombroier, ombrier, ombriier, umbroier, umbroyer, humbroier, ombrier, hombrier, umbrier, humbrier, unbrier, ombraier, ombrayer…
Embrayons.
Dernière minute : contrairement à ce qu’on pensait, l’ombromanie n’est pas une maladie de peau ni une quelconque déviance mais l’autre nom du maniement délicat des ombres chinoises. Ombromanes, à vos postes.
Merci de votre attention.