A l’heure du repas, à travers tout le pays, ceusses qui incarnent la cuisine française accomplissent comme un seul homme ce geste d’une originalité suprême comme leur volaille : orner du brin de persil réglementaire le moindre mets. Une réduction de gonades en persillade, voilà ce qui leur pend au nez.
Mais revenons à nos rosbifs, moutons.
FAUT ARRÊTER, AVEC LE BRIN DE PERSIL.
Utilité ? Néant : ceux qui le bouffent cru ne se trouvent pas sous le sabot d’un steak de cheval. Il n’entre même pas dans la composition du frichti adjacent ; l’élément rapporté dans toute sa splendeur.
Frisée ou plate, la potiche n’est là que pour faire joli. Et encore, au moment du service.
Car c’est là que réside la subtilité : pour attaquer la couche inférieure, l’attablé doit retirer le papier-cadeau. Qui, de décor éphémère, devient garniture de bord d’assiette, jusqu’à ce que le serveur lance « terminé ? ». Quant à la finitude du brin de persil, tout le monde s’en fout. Il sera condamné aux poubelles du gourbi sans avoir eu l’honneur de visiter votre palais.
Songez au nombre de bouquets sacrifiés sur l’autel de cette tradition à deux ronds. Combien de farces, coulis, cassolettes, pots-au-feu, privés à la cuisson d’une telle manne ombellifère ?
Feuille de salade, fane de radis, florette de chou romanesco apporteraient une touche tout aussi verdoyante à l’ensemble.
S’il faut absolument de la couleur pour la couleur, pourquoi pas une cerise juchée sur promontoire salé, pour changer de son sempiternel gâteau ? Ou un trait de curaçao, non mais pourquoi pas hein ?
Chefaillons, point ne le feriez-vous pour vous-mêmes : épargnez cette faute de goût au client. Et pour l’amour de Zeus, ne confondez pas pupilles et papilles. Ou alors, renouvelez vos faire-valoir.
Merci de votre attention.