Secret

 

N’allez pas confier vos secrets à n’importe qui. Dès l’instant où ils tombent dans l’oreille d’un pote, même trié sur le volet, ils cessent d’être secrets, ipso facto. Un secret, c’est sacré.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

L’héroïne en noir et blanc le prononce ainsi :

C’est uuun s’cret.

On ne s’en lasse pas.

Secret, comme le rappelle l’éblouissante introduction ci-dessus, est un cumulard comme on les aime.
Epithète d’abord, dès le milieu du XIIe siècle : « qui se tait, sur la réserve » ou « situé à l’écart des lieux fréquentés » (des « lieus segreiz »), notre homme se fait « discret » puis, n’ayons pas peur des mots, « dissimulé à la vue » au début du XVIe.

 

Y’a pas d’secret, il sort des jupes de secretus, « spécial, distinct, à l’écart, caché » (adjectif), et du frérot secretum, « lieu retiré » (substantif). En le prononçant à la romaine, l’air de famille ne saute-t-il pas aux yeux avec sécréter ? Tout juste.

Secretus, participe passé de secernere, variante de ce vieux cernere, « séparer », que l’on discerne encore à l’œil nu dans concerner et décerner.

Et ce se- ? Sans doute pour mieux marquer l’idée de « séparation », le préfixe a été scié sur secare, « scier ».
Si cette info vous scie les pattes, considérez donc votre sécateur et allez sectionner vos rosiers, ils n’attendent que ça.
Vous n’avez de jardin que secret ? C’est un monde, ça !

 

Evidemment, en rafistolant secretum en secretarium, les Zanciens nous montraient la voie du secrétariat, où s’entassent à la fois secrétaire (le meuble) et secrétaire (la pipelette). Entre nous, la personne la moins indiquée pour garder un secret.
Par conséquent, chut.

Merci de votre attention.

 

Vous diriez même plus :

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s