Locution quasi-adverbiale (les filles du sexe féminin ne l’accordent pas en genre et en nombre, même si on leur demande gentiment) qualifiant par excellence une opération dans le feutré. « Ni vu », on pige. Quant à « ni connu », c’est quoi c’t’embrouille ?
Mais revenons à nos moutons, moutons.
L’opération susdite humant la sournoiserie, qu’est-ce que « ni vu ni connu » sinon l’équivalent du plus tardif « pas vu, pas pris » ? A ce compte-là, on aurait pu figer la chose en « ni vu ni pris ». Mais nous n’avons rien fait de tel, trop amoureux de notre chère locution, son assonance en u, sa forme bancroche épousant le louvoiement du fond…
Tiens donc. Repassons la scène au ralenti.
« Pas vu », on l’a dit, normal, discrétion oblige. Mais pourquoi « pas connu », c’est vrai ça ? Si vous vous aventurez sur la pointe des pieds, n’est-ce pas plutôt pour ne pas être « reconnu » ? Alors alors.
Et quand bien même : vu qu’on ne vous a pas vu, on ne risque pas de vous reconnaître. Encore moins de vous connaître une première fois. Remplacez le verbe voir par entendre, pour voir.
A l’instar de « ni fait ni à faire », nivunikonu est certes plaisant en bouche mais son sens résiste à toute analyse un peu sérieuse.
Sans doute l’a-t-on bricolé sous l’influence d’incognito, littéralement « sans être connu », comprenez « là où je ne veux pas qu’on sache que je suis ». Précisément, ce noble adverbe concerne uniquement les gens célèbres voyageant au nez et à la barbe des emmerdeurs de tout poil. L’homme de la rue n’a pas, à proprement parler, de raison de circuler incognito – sauf à vouloir semer ses boulets à lui (et on ne l’en blâmera pas). Aussi se venge-t-il avec de petits trafics « ni vu ni connu ».
C’est vilain mais c’est humain.
Merci de votre attention.