Entre deux routes pareillement engageantes, on est saisi de stupeur. A moins que ce soit de stupéfaction ? Imaginez le nombre d’exemplaires de Stupéfaction et tremblements voués au pilon à cause d’un titre aussi raide.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
On ne va pas le faire à plouf plouf.
Stupeur :
Saisissement causé par un grand étonnement, un choc émotionnel qui prive une personne de ses moyens physiques et intellectuels.
Stupéfaction :
Etonnement extrême qui prive de toute réaction.
Bigre². Départager les deux oiseaux ne se fera pas sur le terrain sémantique.
Voyons les antécédents latins.
Stupor, état d’« engourdissement » provoqué par stupere, « être engourdi, immobile ». Stupide, en un mot.
Stupefactio, cristallisation de stupefacere, qui conduit à stupéfait, plus court (mais moins fort) que « frappé de stupeur ».
Au passage, seuls les pompeux de services préfèreront à l’épithète le participe stupéfié.
Comme d’hab, tout dépend de ce sur quoi on insiste. L’émotion (stupeur) ? Ou l’effet produit (stupéfaction) ?
Voilà qui nous ramène par la peau du cou au « sentiment d’insécurité » qui agite les concitoyens zobservateurs.
Déviez pas.
Si stupéfaction suit stupeur comme son ombre, il devrait en être de même pour tumeur/tuméfaction. Or le second est si rare que vous vous en tuméfiez les cuisses d’hilarité.
Tiens ben rareté/raréfaction : ici, on distingue littéralement le processus en train de se faire.
Et torpeur ? N’appelle-t-elle pas « torpéfaction » de toutes ses forces ? C’est pas pire, d’autant que l’« engourdissement » concerné est en tout point comparable à celui qui nous occupe.
Dommage que « torpéfait » reste interdit.
Merci de votre attention.