Au tout début, personne ne s’en rendait compte, la suite ne s’étant pas encore produite. Où l’on voit qu’un bon début n’est rien sans un milieu et une fin.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Début, débuter, débutant, rien que de très connu dans nos provinces. Les Albionnais, eux, l’utilisent non dilué en parlant du debut album d’un artiste.
Chez eux, le dico avertit même charitablement :
Début can only be pronounced as French, and should not be used by anyone who shrinks from the necessary effort.
And toc.
Paradoxe à part, le mot est assez tardif. Débuter fait ses débuts en 1547 au sens de « déplacer, écarter du but la boule d’un autre joueur ». Ce qui a sans conteste le don de lui mettre les boules.
D’où, en 1640 :
jouer un premier coup pour savoir qui commencera la partie.
Autant dire qu’on ne touchera pas au but tant qu’on ne touchera pas au but.
Il est assez piquant que but constitue une fin en soi. Ce qui, au début, n’était pas gagné. Fin XIIe, début XIIIe, les chrysalides de but ne laissent quasiment entrevoir que pouic de leur splendeur future : a rebutons, « à tort » ; bute, butée avant l’heure. Celle-ci témoigne, comme arc-bouter entre autres, du joyeux méli-mélo qui règne au sein des familles de but et de bout. Quant à la vieille locution « de but » (« d’emblée, tout de suite »), si elle tient encore debout, c’est sous la forme « de but en blanc ».
Anglais toujours, le « cul » local butt, s’il n’est pas nécessairement le but ultime dans la vie, n’en est pas moins un fameux bout.
Moralité : mieux vaut un bleu bite qui débute qu’un bleu butt buté.
Merci de votre attention.