Trop aristo, pâmoison ? Vous oubliez que les noms féminins avec la même terminaison, il y en a toute une cargaison à foison (on respire un grand coup) :
maison, frondaison, garnison, toison, inclinaison,
prison, venaison, saison, floraison, liaison, exhalaison,
oraison, pendaison, salaison, crevaison, démangeaison,
flottaison, lunaison, combinaison, guérison, trahison
et même (à peine déguisés) :
boisson et cuisson.
Mais comparaison n’est pas raison. Aussi, revenons à nos moutons, moutons.
Le suffixe -ison, plus chic que -tion, s’acoquine peu avec les verbes du 1er groupe. Attardons-nous donc sur pâmer, en particulier ce circonflexe qui ne se prononce plus dans pâmoison parce qu’on n’a pas que ça à faire.
Se pâmer ou tomber en pâmoison, c’est « défaillir ». Mais aussi « se flétrir » en parlant de la luzerne. Bref, se retourner les sangs d’une manière ou d’une autre, y compris en se pâmant d’admiration (ce que ne fait jamais la luzerne, ce monstre d’orgueil).
L’émotion n’est pas neuve. Le verbe non plus, qui remonte à 1050, époque où est attesté le participe pasmede (« évanoui ») :
Veit mort son fil, a terre chiet pasmede.
Et tout le monde de se pasmer pour les vers du poète.
Circonflexe circonflexe. De quoi le s de pasmer/pâmer est-il le vestige ? De spasme, les enfants. Grec spasmos, latin spasmus, devenu pasmus au terme de légères convulsions. Et aussi sous l’influence du grec pasmos, « palpitation, battement du pouls ». Yoyo qui n’est pas sans rappeler l’anglais span (« envergure ») et notre propre expansion, bâtie sur l’indo-européen spe-, « étendre, étirer ».
Ainsi, espame désignait une syncope avant que pasmoison ne lui soufflât la vedette.
Au lieu de pâmoison du reste, c’est pâme qui a bien failli s’imposer. C’était même à deux doigts : « tomber dans les pommes » n’est autre qu’un détournement de « tomber dans les pâmes », qu’on a laissé tomber depuis.
Il y a de quoi se pâmer devant l’étymo.
Merci de votre attention.