Les « crétins des Alpes » ont fait des émules bien au-delà de leurs vallées encaissées.
Les alpinistes itou, à en juger par le nombre de spécimens se râpant les paumes en ce moment même sur une paroi.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Et méditons sur la plus raide de la semaine : pourquoi appelle-t-on alpinisme une discipline manifestement pas réservée aux Alpes ?
Songe-t-on seulement au pyrénéen de souche qui, non content de se farcir son mont fétiche par la face nord, se voit imposer le nom d’un massif situé à 12h59 (1 274 km) via A1 (12h12 sans circulation) cet itinéraire comprend des péages l’autre bout du pays ?
Au pied de l’Himalaya, l’alpiniste fait un peu petite bite, vu comme ça.
Parvenu à l’altitude du Mont-Blanc, c’est-à-dire à mi-parcours, il croira avoir atteint le sommet. Et s’en retournera victorieux, sous les yeux du sherpa incrédule.
Nous serait-il venu à l’idée de baptiser transatlantiques des bateaux en partance pour les mers du sud ? Pianiste un musicien, peu importe son instrument ? Gynéco le type chargé d’ausculter tous les orifices disponibles ? Hein, dites ?
Et encore, sachant qu’alpin et alpestre sont au coude-à-coude, on a bien failli pratiquer l’« alpestrisme », les enfants.
Sans tomber dans la familiarité de grimpette, escalade serait-il moins noble qu’alpinisme ? L’anglais a son mountaineer ou climber, au choice. Tout-en-un pour l’allemand Bergsteiger. Même l’italien, pourtant copropriétaire des Alpes, met alpinista et scalatore sur un pied d’égalité.
C’est humain, dites-vous. Les colons anglais cédèrent eux aussi à la tentation en nommant New England tout le Nord-Est des Etats-Unis. Idem pour les cartographes zélandais, trop heureux de s’arroger la postérité en même temps que la terre des Maoris.
A propos, saviez-vous que les « Alpes du Sud » étaient la plus grande chaîne montagneuse de Nouvelle-Zélande ? Par beau temps, il paraît qu’on peut entendre le cocorico d’ici.
Merci de votre attention.