Il n’est jamais question de « remanteler » après s’être amusé à démanteler. Peut-être y verrait-on plus clair en démantelant tout ça ?
Mais revenons à nos moutons, moutons.
C’est que le verbe recouvre différents sens. Par ordre d’apparition :
démolir les murailles, les fortifications organisées qui défendent une place forte.
Chez les géologues,
détruire par érosion une couche de terrain en laissant des blocs épars en surface.
Par extension,
démolir une construction, en disjoindre par la force les éléments constitutifs.
Puis
détruire ce qui se présente comme un ensemble organisé et l’éparpiller.
En bref, tout péter pour faire table rase.
Castel → château, mantel → manteau… Démanteler entretiendrait-il une relation coupable avec ce dernier ? Si votre escorte se démantèle devant vous, le verbe n’a déjà plus l’air si terrible.
Et pour cause, il est l’inverse d’emmanteler, « couvrir d’un manteau », que les Zanciens avec leur âme de poète voyaient comme une protection universelle.
Nous-mêmes avons gardé un faible pour le mot, comme en témoignent « sous le manteau » ou le manteau de la cheminée, où l’on vient se réchauffer les arpions à cause de la neige et de son « blanc manteau » (et la neige elle-même, où est-elle, dans ce cas ?).
Notre mantel première manière est inspiré – pour ne pas dire pompé – du latin mantellum : manus (« main ») accolé à tela (« toile »), on connaît la manœuvre.
Au cas où vous étiez parti avant la fin chasser la raie manta, on reste en plein dans le sujet : l’envergure de la bête rappelle la « couverture » espagnole qui lui donne son nom.
D’ailleurs le démantèlement des mantas semble inéluctable. Les pêcheurs sont des malades mentaux.
Merci de votre attention.