Le réel est une illusion d’optique. C’est au ralenti que tout se passe. Voyez l’air bête du sportif laissant filer la balle ou ajustant mal son geste. Si ça ne tenait qu’à vous, vous l’auriez déjà viré, lui et tous les autres branquignols. Car enfin, vous en êtes témoin, à six fois moins d’images par seconde, on a largement le temps de voir arriver le tir et de préparer la riposte adéquate.
A telle enseigne qu’au rugby, l’arbitrage vidéo laisse présager du taux d’erreurs dans les autres disciplines.
Si le réalisateur peut repasser l’action au ralenti dans le feu de celle-ci, pourquoi ne pas appliquer en direct la technique aux situations de la vie courante ? Gouverner c’est prévoir ; afin de ne plus vous laisser déborder, allez-y mollo.
Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en anticipateur civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :
♦ La catastrophe arrive gros comme un camion (parfois même en la personne du camion). Vous n’avez pas le temps de dire ouf peut-être mais ooooooooouuuuuuuuuuuuffffffffffffffffffffff ? La même scène au ralenti, vous vous en tirez sans une égratignure.
♦ Devant une toile de maître ou un objet parfaitement immobile, le ralenti n’a pas grande valeur ajoutée. En revanche, face au cerf en rut, vous apprécierez le fait de pouvoir jauger votre avance.
♦ De même, en cas de strip-tease improvisé par l’être aimé, il vous faudra peu de temps avant de mesurer les joies infinies de la décomposition du mouvement.
♦ N’oubliez pas que si les grandes douleurs sont muettes, le ralenti l’est également. Ce qui prive les loustics en scooter non seulement de leur pointe de vitesse mais aussi du plaisir puéril de pétarader. Il ne vous reste plus qu’à traverser en toute quiétude.
Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.
Un[e!] espèce de blog 