Parcourant son agenda, le mouton prendra un air désolé avant l’implacable verdict :
je suis full.
Ça vaut toujours mieux qu’empty.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Quitte à mettre le réel à distance, pourquoi pas dans d’autres patois ? Siiii, on se rend mieux compte :
je suis voll (allemand) ;
je suis lleno (espagnol) ;
je suis gadeukhada (coréen).
Rappelons que jusque-là, le mouton était « surbooké » voire « overbooké ». Quand on n’a pas une minute à soi, on ne farfouille pas dans sa langue maternelle, pas déconner, non plus.
Or, il n’y a de surbooking (ou de « sur-réservation ») qui vaille que pour les avions de ligne. Et encore, anglaises ou amerloques. Le mouton « surbooké » fait-il compagnie aérienne ? Non mais il a gagné deux syllabes depuis qu’il est « full ». Notez qu’il les reperd en geignant qu’il est « full, full, full ».
Ça vaut toujours mieux que « plein » ou « rempli », évidemment. « Je suis plein » prête à confusion. « Comme un œuf » ou « une barrique », le rendez-vous ne se fixera pas dans les meilleures conditions.
« Je suis complet » alors ? ‘Scusez, la traduction n’est guère plus glorieuse. Le mouton « full » fait-il hôtel ? Non mais son anglais de Prisunic s’y prêterait.
Au fait, en pareil cas, que dit son homologue anglo-saxon ? « I am full » ? Laissez-nous rire. Ne serait-ce pas plutôt son agenda qui est « full » ?
Où l’on voit que la vie du mouton se résume à son emploi du temps. Et que pour aligner trois mots de français, plus personne ne se foule.
Merci de votre attention.