Le côté pratique de « pas plus tard que » nous aveugle. En réalité, y’a pas plus tarte, comme expression.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Même lorsque l’événement colle au présent comme un chewing-gum au bitum (ou un chewing-gume au bitume, ce qui est un drôle de goût pour un chewing-gume), « pas plus tard que » fait référence à un laps de temps écoulé :
je l’ai croisé pas plus tard qu’il y a deux jours ;
c’est ce qu’on disait pas plus tard qu’il y a dix minutes.
C’est là que le bât blesse. Remplacez par « pas moins tôt », bande de gros malins.
Devrait-on pas dire
pas plus loin dans le temps que ?
Les Zanglais, eux, ont trouvé la parade :
no more than two days ago.
Quant à nous, qui n’avons pas de mot de la trempe d’ago pour exprimer la distance entre avant-hier et aujourd’hui, on est bien embêté. Tout juste a-t-on pu bricoler « de ça », voire « en arrière » pour les plus imperméables au ridicule :
il y a dix ans en arrière.
Mochissime, isn’t it ? Et superfétatoire : « il y a dix ans » se suffit à lui-même.
Le plus étrange là-dedans, c’est de prendre le continuum à rebrousse-poil. Par rapport au présent, tard se situe plutôt dans le futur, non ?
Dans le passé, il n’est relatif qu’à un moment encore plus ancien :
il est venu tard.
Rendez-vous à trente, honoré à cinquante-deux : non, c’est pas du boulot ça.
Ou alors :
il est venu pas plus tard qu’à trente,
ce qui ne laisse pas d’étonner quand on connaît la propension du drôle à poser des lapins.
Tiens,
Justement,
Quelle coïncidence !
c’est ce que sous-entend en substance « pas plus tard que ».
Mais pourquoi cette notion de tardif pour exprimer un passé proche, même s’il résonne avec l’actualité brûlante ?
Mettons fin à cette hérésie. Pas plus tard que tout de suite.
Merci de votre attention.