Scénario

 

Avec masseur, scénariste est sans doute la profession où l’on triture le mieux la pâte humaine.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Même des personnages réussis peinent à pallier l’absence de scénario. Pas étonnant puisque

canevas d’un ouvrage dramatique, lyrique, d’un roman

ou

trame écrite et détaillée des différentes scènes d’un film, comprenant généralement le découpage et les dialogues,

le scénario est l’essence qui les fait avancer. Si les protagonistes se contentent de gesticuler, on bâille. Scribouillards de comédies, mémorisez bien ce passage.

En 1935, l’Académie dans sa grande bonté préconise le pluriel scénarios. Mais le mot « s’est écrit à l’italienne : des scenarii ». A cheval sur les Alpes, d’aucuns coupent la poire en deux : des scénarii. Cette vaine controverse masque une vérité première : le scénario n’est qu’un enchaînement de scènes.

 

Et hop ! Scena ou scaena (latin) vient du théâtre (grec) skènè, « construction en bois, couverte », descendant de skia, « ombre », d’où shadow et shade (anglais). Tronc commun (indo-européen) : skeu-, « couvrir », dont la découverte remonte à loin.
Selon certains braves qui s’y sont collés, en réalité, skènè doit tout à sakan, l’« habitat » (arabe).

 

Quoi qu’il en soit, métonymie aidant, scène devient la partie d’un acte ou la séquence d’un film.
A ne pas confondre avec saynète, récompense d’un faucon de chasse sous forme de saindoux (si si), ni avec le pionnier du slapstick Mack Sennett, qui n’est qu’un nom de scène et dont les scénarios tenaient dans un dé à coudre.

 

Pour passer de scène à scénario, il a suffi d’un suffixe (contrario → contraire). Le franciser jusqu’au bout aurait donné « scénaire ». Avouez que le scénario y aurait beaucoup perdu.

 

Littéralement, les scénaristes travaillent donc dans l’ombre. Ils méritaient bien un coup de projecteur.

Merci de votre attention.

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