Apprivoiser

 

Bien qu’on ait apprivoisé apprivoiser, restons circonspects en tapant aux barreaux de la cage.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Apprivoiser se dit d’un animal rendu « moins sauvage, moins farouche ». Au figuré, on peut apprivoiser quelqu’un comme sa propre douleur. Si bien qu’avec de l’entraînement, on peut apprivoiser n’importe quoi. Même sa prononciation [apʀivwaze] nous éclabousse de sa beauté bestiale.

 

C’est à l’orée du XIIIe siècle que l’on commence à aprivoisier tous azimuts. Ou à apriver selon l’humeur. Mesurez bien à quel vocable bassement matériel nous avons échappé, nous autres.

Parce que tout ça, c’est de la faute au latin sauvage apprivatiare, échappé de privatus (la bestiole apprivoisée devenant en quelque sorte la propriété privée de son maître) ou d’apprivatare (v. le vieux provençal aprivadar, « familiariser »).

Mais la racine est la même, ne chipotons point, et ne nous privons pas plus longtemps de l’étymo de privé.

 

Vie, plage, appartements, le privé est toujours caché à la vue du public. D’où guéguerre perpétuelle. Normal, privatus (→ privatif, privatiser et, plus prégnant encore, l’anglais private) est clairement « séparé » du reste. En cause, l’indo-européen prai- ou prei- construit sur per-, « devant ». Il y a des précédents.

Au rayon produits dérivés, on ne trouve hélas qu’apprivoisement et, à la limite du bon goût, apprivoisable.

Heureusement, Totor est là pour relever le niveau :

Apprivoiser, c’est là tout le gouvernement,
Régner, c’est l’art de faire, énigmes délicates,
Marcher les chiens debout et l’homme à quatre pattes.

Merci de votre attention.

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