« Préchauffer le four »

 

De même que les contes commencent toujours par « il était une fois », la plupart des recettes débutent par un sacro-saint « préchauffer le four ». Passons sur le temps de préparation dépassant allègrement celui du préchauffage susdit, ce qui stresse le cuistot et gâche du watt à tire-larigot. La véritable fumisterie réside dans l’emploi des termes. Préchauffage ? On vous ferait avaler n’importe quoi, à vous.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Car qui dit préchauffage dit obligatoirement chauffage.

Or, à moins d’un antique four à pain alimenté au feu de bois, nous autres ne chauffons pas le four à proprement parler : nous nous contentons de l’allumer. En plus, un seul geste pour préchauffer et pour chauffer, c’est pratique.

fourImaginez maintenant qu’il vous prenne l’envie d’enfourner sans préchauffage. Par quelle formule commencer la recette ? « Chauffer le four » ? Vous enclencheriez plutôt la cuisson. Et si cuire = chauffer (règle de trois), précuire ne peut équivaloir à un préchauffer qui, nécessairement, le précède – sans quoi ça précuit que dalle et la tarte, c’est du caoutchouc.

D’ailleurs, quand on y réfléchit, cuire n’est pas tant chauffer le four que le plat qui y va.
Par conséquent, toute espèce de préchauffage est bonne à jeter au feu.

 

Montons d’un étage. Vous a-t-on jamais sommé de « préchauffer la plaque » en vue d’y poêler quelque chose ? Ou de préchauffer la matière grasse y afférente ? Voyez le ridicule, pour ne pas dire l’extrême gravité de la chose. « Chauffer la plaque » ou « faire chauffer l’huile », telle est la consigne ; toujours pas de préchauffage en vue.

 

Moralité : allumeeeeeeeer le feu, allumeeeeeeeer le feu, et faire danser les diableuetlesdieuuuux.
Et ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup de tartelettes.

Merci de votre attention.