Tant que « quelque part » ne sera pas éradiqué, n’oubliez pas de vous protéger. Sans quoi c’est un boulevard pour l’épidémie, quelque part.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Une fois jarretée la formule, mesurez le taux de perte de sens de la phrase. Si vous estimez le chiffre à plus ou moins 0 %, le test est négatif : vous êtes porteur sain. Mais restez sur vos gardes.
Parce que quelque part, si on colle du « quelque part » à tout ce qui bouge, c’est quelque part moins pour sa valeur ajoutée (nulle, on l’a vu) que pour apporter une nuance quelque part.
Reste à savoir laquelle.
En tout cas, elle est forcément « quelque part ». Mais où ? « Au fond », comme on dit sur France Culture. Sinon, l’endroit exact est laissé à la libre appréciation de l’interlocuteur. Lequel apprécie peu, généralement, voire ferme les yeux avec une indulgence coupable.
Eeeeeeeeh oui, encore un symptôme de la non-confiance en nos mots (donc en nous-mêmes) qui va du simple pléonasme à l’anglicisme à côté de la plaque.
Tenez, transposons « quelque part » en anglais. Nos amis Albionnais, s’ils y tenaient vraiment, diraient somehow plutôt que somewhere. De fait, l’équivalent le plus courant de « quelque part » est « d’une certaine manière », autre locution superflue s’il en est : tout se passe toujours d’une certaine manière, comme tout est nécessairement « quelque part ». Et ce ne sont pas les bordéliques astrophysiciens qui nous contrediront.
Enfin, on ne le dira jamais assez, les foyers dormants du virus favorisent sa mutation. Pour ceux atteints du fameux « à quelque part », aucun espoir de guérison. Préventivement, mieux vaut abattre tout le troupeau. Ou leur administrer des avoines :
a) à dans la tronche,
b) à dans la gueule,
c) à là où je pense.
Merci de votre attention.