Les chercheurs ont montré que, loin de n’utiliser que 10% de notre cerveau, nous le sollicitions en réalité en permanence. On se disait aussi : chez les khôns, il turbine à plein régime.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Il y va des neurones comme des recoins du foyer. Ce centimètre carré derrière la porte, sous le radiateur, entre deux interstices, ne sera jamais foulé par vos savates. Sans parler de la quasi-totalité de la surface des murs et plafonds, seulement visitée par ces saloperies de mouches. Et pourtant, sans ces no man’s lands domestiques, ce ne serait pas tout à fait chez vous, hein dites.
Même dans l’exigu habitacle de la bagnole, certaines régions de l’accoudoir gauche ou de la banquette arrière demeurent totalement vierges, après plusieurs années de bons et loyaux services.
Et que dire du réseau autoroutier que le monde nous envie ? L’asphalte immaculé de la bande d’arrêt d’urgence : combien de fois le trajet Terre-Lune ?
Quant aux brins d’herbe de votre carré de jeu favori, ceux que vous avez dédaignés sans le vouloir se comptent sans doute par milliers.
Votre propre enveloppe charnelle tiens : pareil. Aux prochaines ablutions, recensez les parties du corps parfaitement inatteignables – y’aura des surprises. Pourquoi croyez-vous que les ostéopathes aient pignon sur rue ?
Et avez-vous songé au temps passé à regarder droit devant, et à manquer ce qui se passe dans votre dos ? Hein, sur toute une vie ?
De même, mettez une guitare dans les mains d’un prodige manouche ou du gratteux du coin et vous évaluerez rapidement la différence de potentiel à nombre de cordes et de doigts égal.
Terrifiant non, cette inexploitation générale ? Voilà le véritable gâchis – invisible qui plus est.
N’oubliez pas que la nature a horreur du vide, alors mettez-y un bon coup.
Merci de votre attention.