« Décomplexée »

 

e car cette épithète à la khôn ne fleurit guère qu’à la boutonnière des députés de droite, s’est-on laissé dire. L’affaire devient complexe : et la gauche ? Et le centre ? Il faut croire qu’on y est perclus de complexes.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

« Droite décomplexée » : d’une tête journaleuse ou des couloirs de l’assemblée, on n’ira pas se prononcer sur la paternité de ce zélément de langage. Même si vu l’empressement des uns à reprendre les mots des autres à leur compte, on a bien une petite idée hein voui voui.

 

La formule est donc censée mettre à leur avantage les tenants d’une droite « dure ». Mais s’agit-il bien de ladite ?

Littéralement, « décomplexée » s’entend au sens de « désinhibée », « qui se lâche », « qui assume » l’idée que pour être il faut avoir et autres malformations congénitales.
(Au passage, les plus acharnés à se défendre de « tout dogmatisme » sont ceux-là mêmes qui baignent dans le dogme jusqu’au cou quitte à en devenir tout fripés.)
La jouer « décomplexé » équivaudrait donc à faire voler en éclats tous les « tabous » (comprenez les acquis sociaux).
Or, pas une feuille de papier à cigarette entre la ligne « décomplexée » et la « modérée », seulement une divergence de stratégie.

 

M’sieu-dames, ne nous voilons pas la face (même en cas d’acné purulent) : nous tous, à des degrés divers, souffrons de complexes – et les traînons bien souvent jusque dans la tombe. C’est très khôn, je vous l’accorde, puisqu’ils ne regardent que nous. M’enfin bref : il n’y a pas de honte à être complexé, ou alors c’est surajouter de la honte à de la honte et on n’est pas près d’aller mieux dites donc.

 

‘Tention toutefois à ne point tomber dans l’extrême inverse (et Dieu sait que de la droite « décomplexée » à l’extrême, il n’y a pas loin) : n’allez pas appeler « fierté » ce qui ne serait qu’absence de complexes ou complexes planqués sous le tapis. Mais baste, on en a déjà causé.

Merci de votre attention.