Mise à l’épreuve

 

Tendez l’oreille : sans raison particulière, certains orateurs n’hésitent plus à s’asseoir sur la conjugaison du verbe mettre dans une locution.

Au hasard :

les mesures qui ont été mis en place.

Tout zig normalement constitué ne saurait plus où se mettre.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Naguère encore, nous profitions de l’aubaine pour faire la liaison toutes babines retroussées :

les mesures mises en place = [zz].

Dorénavant, c’est comme si le groupe verbal était considéré comme un tout invariable. Sans doute – mal du siècle – parce que ça va plus vite. Que la chose soit au singulier ou au pluriel, au masculin ou au féminin, c’est égal : elle est « mienplace », point.

 

A trop considérer notre patois comme une entité extérieure à nous, trop compliquée pour en assimiler les codes (alors même que nous le parlons du lever au coucher du soleil), pas étonnant qu’on en arrive à des aberrations pareilles, les poteaux. Voyons les choses en face : les règles élémentaires sont miàsac dans l’indifférence générale.

 

Catastrophe nationale plus grande que la misère, le climat et l’accent grand-breton réunis, l’accord des participes passés vient d’entrer dans une nouvelle ère : la terminaison unique. On se souviendra que c’est tombé sur mettre.

Alors que hein, au risque de se répéter, il suffirait de remplacer par prendre pour toucher du doigt l’absurdité à chaque fois :

les mesures qui ont été prises

et donc

mises.

 

Si les troubles persistent, faites-vous amputer la langue sans anesthésie. Ça vous remettra les idées en place.

Merci de votre attention.