Epatant

 

Avoir le nez épaté et être épaté sont a priori deux choses aussi distinctes qu’un nez en trompette et une trompe. En vertu de quoi on peut dire sans se tromper que cette étymo s’annonce épatante.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Attardons-nous primo sur l’appendice nasal. Dans son cas, épater consiste à

aplatir en élargissant la base

à cause du sens vieilli :

priver de l’usage d’une patte.

Un clebs épaté se verra de fait « aplati » ; y’a qu’à voir le teckel.

En revanche, personne ne dira du pauvre bougre privé de l’usage d’un bras qu’il est « ébrasé », l’aplatissement n’étant pas patent.

 

« espateir » avant 1400, cet « écraser » ancienne manière est devenu par extension :

étonner au point de faire tomber à la renverse,

en d’autres termes

scier les pattes.

 

Où l’on voit qu’il convient d’expliquer le coup de patte.

Cette dernière – déjà tripatouillée ici – n’est qu’un recyclage de l’onomatopée patt-, celle-là même qui retentit quand on patauge.

 

Recenser tous les adjectifs sortis du même moule qu’épatant deviendrait vite énervant (de quoi avoir « les nerfs à vif »), épuisant (« vidé tel un puits » sans fond, qu’on serait) et pour finir, écœurant (pour ne pas dire « découragé »).

 

Quant à « épater la galerie », voilà encore une expression piquée au jeu de paume, dont la galerie permettait de répartir les spectateurs. Qui n’en demandaient pas tant.

Merci de votre attention.

Couard

 

Soyons honnêtes, le charme de couard est avant tout phonétique. Les synonymes sont au même tarif : veule, pleutre, pusillanime… Seules poule mouillée et couille molle échappent à cette règle. Pour qu’on ne les accable pas davantage sans doute.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Les plus observateurs relèveront que couarde est pour ainsi dire inusité. Si les filles du sexe féminin ont, de fait, moins froid aux yeux que leurs congénères, comment leur balancer des [kwaʁd] à tire-larigot ? Heureusement, il nous reste [kwaʁdiz].

 

En parlant de ça, vous doutiez-vous que couard cachait une histoire de queue ? ‘Tention, c’est pas ce que vous croyez.

Coue, cüe et cöe, versions d’essai de notre queue, ont poussé sur le latin coda, bien connue des musicos pour indiquer la fin d’un morceau, variante de cauda, bien connue des pêcheurs et poissonniers manipulant la nageoire caudale de la bête.

Un suffixe péjoratif pour emballer le tout et en voilà un « qui porte la queue basse », signe de soumission s’il en est.

Les premiers dicos l’écrivent d’ailleurs quouard tout en mentionnant qu’

on escrit coüard.

Faudrait savoir. Quels couards, ces zacadémiciens.

Coi c’il en soit, le petit chéri s’exporte bien : les Espagnols ont leur cobarde quand les Anglais y vont de leur coward. Se faisant d’autant moins prier que queue existe aussi chez eux, si elle est leu leu.

 

En cherchant bien dans le registre littéraire, on peut aussi dénicher couardement et couarder. Puisque tout est permis, proposons dans la même veine couarderaie, couardissimo, quetzalcouard et recouard (couard devenu courageux avant de replonger).
Couard est si lâche qu’on peut le triturer sans crainte.

Merci de votre attention.