« Le travail, c’est la santé ». ‘Tention : si vous précisez « rien faire, c’est la conserver », vous glorifiez moins la valeur travail que la valeur repos.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Les valeurs sont notre ciment. Les ouvriers retapant le fronton de l’hôtel de ville vous le confirmeront : pas touche à liberté, égalité, fraternité, c’est stipulé dans le contrat. Parle-t-on pour autant de « valeur liberté » ? Libre à vous.
S’ils avaient travaillé à l’école, ceux qui ne jurent que par « la valeur travail » sauraient bien que valeur est toujours suivie d’un adjectif :
une valeur sentimentale/inestimable [c’est kif-kif]
ou d’un complément du nom :
la valeur de l’argent.
Vous aurez beau la soudoyer, valeur n’accepte de se coltiner X ou Y que si elle est cotée en bourse :
la valeur Saint-Gobain
(et encore, « de l’action » est sous-entendu).
Reprenons le travail. Accolé proprement, il redevient une valeur parmi d’autres :
la valeur du travail.
Nettement moins fort à nos oreilles que
la valeur travail.
Ou comment cautionner l’idée malgré nous ! Bien sympa, les valeurs de justice, d’intelligence, de courage ; travail, lui, tient debout tout seul. Un substantif en apesanteur et voilà l’travail.
A première vue, cet élagage syntaxique prête à la rigolade. Sauf qu’il s’agit en douce d’imposer « la valeur travail » comme valeur suprême.
(Re)lisez 1984 : vous pouvez commencer à choper le traczir, mes moutons.
Merci de votre attention.