Entre l’animateur et l’acteur d’un film quelconque, vient toujours le moment où celui-ci demande à celui-là d’en dévoiler « le pitch ». Puisse la datation au carbone 14 permettre aux linguistes du futur de déterminer avec précision quand, poutch, le terme est apparu. N’ayons foi qu’en la science.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Délaissant argument, histoire ou scénario (de la promo de papa que tous ces mots ringards), un sombre khouillon crut bon de sortir un jour « pitch », non du cartable (comme les brioches homonymes) mais du chapeau. Où alla-t-il le chercher ? Sûrement pas chez les anglo-saxons, où pitch signifie soit « résine », soit « something that is pitched » (autrement dit un piquet de tente ou assimilés), soit un jet (de pierre), soit la hauteur d’une note, soit au sens figuré un « degré » ou un « point ». Nothing qui ressemble de près ou de très très loin au résumé du film, à l’évidence.
En capillo-tractant un peu, sachant que la langue de Shakespeare désigne aussi par pitcher un lanceur au base-ball, on fera éventuellement le rapprochement avec le fait d’émoustiller son public en ne « lançant » que les trois phrases susceptibles d’esquisser l’histoire…
Encore plus fort que la cranberry déjà pressée ici : le mot français supplanté par un mot angliche non équivalent. Si c’est pas de la frime à la petite semaine ça, les cocos !
Face aux prochaines tentatives de « pitch », une petite pensée pour les piquets de tente (ou assimilés), les jets (de pierre), les notes, les degrés et les points.
Merci de votre attention.