Vacances

 

On n’a encore pris aucunes vacances,

on ne se gêne pas pour le dire. C’est en l’écrivant que ça devient coton.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Nous sommes d’accord, la phrase ci-dessus ne peut pas exister. A moins de s’asseoir joyeusement sur l’invariabilité d’aucun, ce zéro au sourire si doux. N’allez pas non plus mettre vacances au singulier, vous vous noieriez dans le contresens aussi sec.

Car la vacance, celle du pouvoir par exemple, date du XIVe siècle en tant qu’

état dune charge qui est sans titulaire,

allant de pair avec un trône laissé vacant.

Pas de temps libre avant fin XVIe, il faut attendre 1594 pour avoir droit à des vacances bien méritées :

période où les tribunaux interrompent leurs travaux.

 

Elles puisent à l’évidence à la même racine que celle de vacation, vacuité, vain… « Etre vacant » est même devenu vaquer, tiens, plaqué sur le latin vacare dont le participe présent a de faux airs de vacans.
Et que dire d’évacuer, ce « rendre vide » que le monde nous envie ?

Lui et la petite famille comptent parmi les descendants de l’indo-européen wa-no- (« ne pas avoir, manquer »), qui valut aux Zanglais leur want, dans la même veine que leur miss d’ailleurs.

Ajoutons que ces derniers gardent jalousement en leur lexique la pépite latine vacuum, substantif mais surtout verbe absolument unique dans toute l’histoire de la zanglitude : « passer l’aspirateur ».
On laisse à penser la délectation à conjuguer la chose :

I vacuumed the house as my holiday began.

Et nous de rétorquer :

T’en as profité pour faire le lavabo ?

non sans malice car nous avons de la ressource.doisneau

Alors hein, si les vacances permettent de faire le vide, ce n’est pas une vue de l’esprit.

Merci de votre attention.