Si un de ces jours l’envie vous prend de geindre :
j’ai un de ces mals de tête,
sachez que ça n’atténue pas la douleur. Pire, vous mettrez votre entourage dans l’embarras. Non pas en lui indiquant que c’est vraiment pas le moment de faire chier (ce n’est jamais le moment). Non : sous couvert de piger le sens de la phrase, tout le monde feindra d’ignorer qu’elle fait très mal grammaticalement.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Un mal, des maux, on ne vous la fait plus. Or, le superlatif « un de ces » appelle un nom au pluriel :
j’ai une de ces dalles.
Pour mieux se rendre compte, remplacer par cheval :
je boufferais un cheval en salade.
Meuh alors pourquoi s’acharner au singulier, en dépit de la plus élémentaire logique ? Parce qu’on ne parle pas d’un mais de THE mal de tête. Celui dont les confrères font pâle figure à côté.
On conçoit que personne ne se risque à lancer :
j’ai un de ces céphalées
voire, chez les dictées de Pivot sur pattes,
j’ai une de ces céphalées,
beaucoup moins fort par son aspect clinique. Et donnant l’impression de déguster tout en se la pétant, de surcroît.
Il n’en reste pas moins qu’« un de ces mals », c’est mal.
Ce boycott de maux s’applique à merveille à :
j’ai un de ces mals au crâne.
Avec maux, vous imaginez le hiatus ?
Une grossière erreur socialement admise vaut mieux qu’une formule correcte pour laquelle on vous prendrait le chou.
C’est sans doute un moindre mal.
Merci de votre attention.