Comment sortir la tête haute d’une sérénade sous le mauvais balcon ?

 

L’art de la romance est une chose qui se perd. Vous ne le savez que trop, une approche rebattue ou trop timide sera vouée à l’échec.

Aussi comptez-vous en mettre plein la vue, la jouer à l’ancienne, peaufiner vos rotrouenges, bref, ne rien laisser au hasard. Conscient que ce béguin-ci ne se représentera pas de sitôt, vous décidez de conter fleurette à l’objet de vos pensées sous ses fenêtres.

L’amour est aveugle ; voilà-t-il pas que vous vous plantez de balcon.

Votre empressement de midinette n’aura réussi à attirer que la virago mitoyenne ou le gros clébard côté pair. Qui, émoustillés par votre bel organe, en pincent désormais pour vous, tandis que le reste du voisinage se déleste des savates destinées d’ordinaire aux matous du quartier.

Il est vrai qu’à cette heure, la rue peu éclairée ne favorisait pas la localisation à coup sûr de la balustrade visée. Mais allez expliquer ça au clebs et à la marâtre enamourée.

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Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en crooner civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Pour votre sérénade, choisissez le jour de la Fête de la musique. Tout le monde marchant sur les plates-bandes de tout le monde, vous aurez beau jeu de faire croire que ce n’était pas vous l’interprète, à l’instant.

 

♦  Si l’on vous interpelle des étages, prétextez que vous vous adressiez au rez-de-chaussée. Raison pour laquelle personne ne vous saute dans les bras du reste.

 

♦  Sous-traitez avec les Mariachis Associés. Une filiale sous chaque balcon, impossible de louper le coche ! Vous éviterez en sus de vous user la voix.

 

♦  Repérez des logements vacants pour vous entraîner. Vous vous habituerez ainsi au silence glacial accueillant vos derniers trémolos (y compris lorsque vous serez sous le bon balcon).

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.