Que faire en cas de boulets dans les transports en commun ?

 

Vaste sujet tant métro, tramway, car, funiculaire, aéroplane charrient quotidiennement leur lot de boulets. Une statistique récente confiait même que ces derniers avaient déjà pourri le trajet de 100% des filles du sexe féminin. Sondage incontestable pour une fois. Quoique le suspense du résultat jouxtait peau de balle.

Il arrive que par chance le boulet vous repère depuis le train d’en face. Suite à quoi il évoquera son transport sous la rubrique éponyme dans Libé, en n’omettant pas de mentionner que « vos regards se sont croisés » et autres billevesées du même seau.
La plupart du temps, c’est hélas dans la promiscuité de la même ligne que les ennuis commencent.

 

Par définition, voyager en commun implique de se fader des tiers entre un point a et un point b. Il convient donc de s’en prémunir radicalement, car évangéliser selon Saint Georges (gloire à qui n’ayant pas d’idéal sacro-saint se borne à ne pas trop emmerder ses voisins) aura peu d’effet sur les importuns congénitaux.
Qui d’ailleurs ne sont pas tous à mettre dans le même sac. Les plus retors ne s’enquerront guère de votre « 06 » ou de la couleur de votre slip. Bien au contraire, c’est animés des meilleures intentions qu’ils vous lâcheront tout à trac, en vous observant en coin :

Il est passionnant, ton bouquin ? *

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en passager civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Si vous prenez la voie des airs, exigez un siège éjectable. Pour le boulet hein, votre but à vous est d’arriver à destination.

 

♦  Dans les transports sous-terrains, échappez-vous par le haut et rampez tel Tom Cruise vers votre salut. Attention, vent légèrement défavorable à prévoir.

 

♦  Des hooligans dans la rame ? Lancez-leur la baballe, pour les disperser.

lucifer

♦  Si l’affluence vous condamne aux haleines baladeuses, aux mains douteuses ou l’inverse, disposez généreusement pinces à linge ou pièges à rats selon l’endroit de votre anatomie concerné. Faire miroiter un sale quart d’heure au boulet au motif que le chauffeur serait votre oncle est vivement déconseillé, ce dernier étant lui-même un boulet notoire.

 

♦  Autostop ? Deux cas de figure. Soit le boulet monte à bord et il ne vous reste plus qu’à simuler le coup de la panne en imitant le bruit d’un gros pépin mécanique (à défaut, le CD Bruits de gros pépins mécaniques est disponible chez tous les bons disquaires). Soit c’est lui qui vous covoiture et vu votre échancrure en ces temps moites, vous auriez meilleur compte de choisir un autre bas-côté, par exemple celui d’une autoroute, mortelle au bout de vingt minutes seulement pour les piéton(ne)s.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

* Pour passionnante qu’elle soit (pour le coup) sur le plan rhétorique, cette question n’appelle que des réponses renvoyant le boulet à ses chères études. L’affirmative : « Oui et je n’ai pas l’intention d’en interrompre la lecture ». La négative : « Il me tombe des mains mais ça vaut toujours mieux que de converser avec vous ». Que vous ponctuerez, à votre guise, d’un « eh, khônnard ».

Et au milieu roule une civière

 

Difficile de les éviter, réglons aujourd’hui leur compte à ceux qui circulent au milieu. Leur inertie, nous sommes d’accord, est à la limite du supportable. Puisqu’eux-mêmes n’en prendront pas l’inititative, qu’on les déporte une fois pour toutes.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Pas un tronçon de réseau autoroutier où ne sévissent ces gugusses. Alors que sur une deux-voies, j’en connais qui feraient nettement moins caguer leur monde sur la voie du milieu – pour ne pas dire plus du tout.
Sans doute croient-ils ainsi se mettre à l’abri de la rambarde de sécurité à hauteur d’œil gauche et des bandes crénelées tout à droite (celles qui font ta-pôm ta-pôm pour éviter de foncer nuitamment dans le décor). Soit au passage, deux trucs pensés précisément pour leur sécurité.
Ce faisant, mesurent-ils à quel point ils perturbent la fluidité du trafic ?

Puisque ces imbéciles heureux ont, contre toute vraisemblance, obtenu leur papier rose, on ne rappellera pas ce que préconise le code de la route : rouler sur la voie la plus à droite, à moins d’aller plus vite que son prochain. C’est pas pour embêter, c’est du bon sens.
Emprunter la voie du milieu ne peut servir qu’à dépasser vos congénères de droite, tandis qu’on vous doublera par la gauche avec force clignotants, distance et autres marques de civisme dignes d’un citoyen exemplaire.
Mais si vous vous y traînez à moindre vitesse qu’un gars surgissant de l’arrière (et de la droite, car il sera, lui, dans son bon droit), le pauvre ne saura plus comment vous contourner, jouera du klaxon avec force admonestations, doigts d’honneur et autres marques d’autorité dignes d’un automobiliste qui mérite son permis.

 

Anecdotique ? La SANEF, qui chapeaute les autoroutes de France, a fait l’expérience. L’an dernier, elle s’est amusée à filmer 23 000 bagnoles par jour pendant une semaine entre Caen et Paris.
Résultat des courses : un tiers de khônnards s’assoient sur les règles de sécurité élémentaires, notamment l’utilisation des voies, ce qui entraîne 7 % des accidents mortels.

Et si vous avez la chance d’échapper à cette statistique, les rouleurs du milieu restent un fléau indirect. Avez-vous songé avec quelle irritation vous les doublez, dans quel état second vous vous rabattez (de droite à gauche donc, ce qui, à moins d’avoir du sang anglais in the veins, s’avère physiologiquement déstabilisant) et quelle dangereuse inattention vous guette pour le reste du trajet ?

 

De guerre lasse, vous pouvez toujours laisser le volant et rejoindre le flot des piétons. Vous constaterez qu’un mal similaire ronge ceux qui s’arrêtent en plein milieu du trottoir (généralement en cause, un jeu de grattage) ou dont la démarche et la trajectoire en monopolisent – c’est à peine croyable – toute la largeur.
Il ne vous restera plus qu’à marcher au milieu de la route.

Merci de votre attention.