Ôtez-nous d’un doute : l’expression « ôter d’un doute », si on s’y arrête (et on va s’y employer toutes affaires cessantes), apparaît légèrement douteuse, non ?
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Ne nous laissons pas zaveugler plus longtemps.
Ôte-moi d’un doute :
on pige tous ce que ça veut dire : rassure-moi, éclaire ma lanterne, épargne-moi une sueur froide.
Or en réalité, ce qu’on attend de notre interlocuteur en pareil cas, c’est qu’il ôte le doute de nous et non l’inverse. C’est le doute, pas le dubitatif, qu’il faut retrancher, sans quoi les affres du second demeurent, inamovibles et bêtes.
Logiquement, on devrait baver :
Ôte-moi un doute
de même que
7 ôté de 9 = 2
comme la maîcresse nous l’a appris.
La seule possibilité d’ôter quelqu’un de quelque part reste
Ôte-toi d’là que j’m’y mette
et encore, les putschs se font plutôt rares en cette saison.
L’embrouillamini viendrait-il du fait que celui qui doute est par définition dans le doute jusqu’au cou ?
Prenons le Shuttle et cet autre exemple :
I miss you.
La VF ne donne point
Je te manque,
ce qui, même si la chose est vraie, est un peu présomptueux (ou presumptuous) mais
Tu me manques.
Outre que ah la la, ces Zanglais, font jamais rien comme tout le monde, le changement de perspective est le même : par to miss il faut entendre « manquer » au sens de « louper ».
Je te loupe,
parfaitement. D’où
Je ne suis pas avec toi
donc
Je me languis de toi.
Autrement dit,
1 ôté de 2 = 1.
La peste soit de ces expressions à la manque.
Merci de votre attention.