Quand un pompeux de service parle de « gap générationnel », ça fait un peu cet effet-là :
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Dans notre série « l’anglicisme for itself » (qui est le comble de la loose), il semble qu’on ait de nouveau franchi un gap. Rappelons que c’est pour ne pas dire fossé. Pour se défausser, quoi.
But why ?
Sans doute parce que fossé rappelle trop fosse, qu’on associe peu à de radieux souvenirs : fosse commune, fosse septique, fosse à purin ; n’en jetez plus.
Et la fosse d’orchestre alors ? Et les fossettes de votre chéri(e) ?
Le pire, c’est que ce rapprochement est 100 % justifié : fosse et fossé ne font qu’un, depuis le latin fodere, « creuser », foyer de fouir, fouiller, fossile et, en creusant plus profond, profond.
Gap s’en écarte en tout point. Cet homonyme du chef-lieu des Hautes-Alpes et d’une marque de frusques a suivi une route plus glorieuse dans la langue de Shakespeare, où il désigne un « espace vide » ou une « brèche », fruit du verbe to gape, « bâiller, béer ».
De manière plus terre-à-terre, l’attirance du g de générationnel n’est sans doute pas pour rien dans le succès de gap.
D’accord mais is it a reason ?
A ce compte-là, supplantons tous les mots patibulaires par leur équivalent outre-Manche : avoir un hole de mémoire, la bump des maths, un hair dans la main, la crotte au bottom.
Pour generation, heureusement, c’est bonnet white et white bonnet.
Un salut amical aux habitants de Saint-Maur-des-Gaps.
Merci de votre attention.