« Coûter bonbon »

 

Apprenant que ça va vous « coûter bonbon », votre entourage prend un air aussi navré qu’entendu. Et vous plaint dans la même veine : « ah oui, ça, ça coûte une blinde ; je te l’avais dit, que ça allait te coûter un bras ; la vache mais ça coûte la peau du [censuré] ».
Or, quelle sorte de bonbon de luxe peut bien « coûter bonbon » ?

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Du plus loin qu’il vous en souvienne, aucun bonbon ne vous a jamais ruiné autre chose que les prémolaires.
Nounours en gelée, sucettes, berlingots, caramels mous, réglisse, têtes de nègres pour les plus téméraires, on a beau faire le tour des beums passés et présents, ceux-ci ne coûtent que pouic, surtout à l’unité. Faites mine d’embarquer toute la bonbonnière alors là oui, votre maigre argent de poche n’y suffirait pas. Mais on ne dit pas « coûter bonbonnière ».

 

Au seul mot de bonbon, la cantonade ouvre donc des yeux aussi gros que la dépense. Encore une expression idiomatique à laquelle on souscrit sans réfléchir.

Avec bagatelle au moins, l’antiphrase saute aux yeux :

ça lui a coûté la bagatelle de…

étant entendu qu’une bagatelle ne vaut, elle aussi, que pouic.

 

D’ailleurs, pourquoi met-on autant en valeur la chose qui coûte ? C’est comme si on disait d’une voiture qu’elle « coûte voiture » : on n’est pas plus avancé.

D’où l’intérêt de blinde, par exemple. Idem pour « attendre des plombes ». On ne se représente pas plus une plombe qu’une blinde. Pourtant, tout le monde sait ce que ça veut dire.

 

A moins que l’absence d’article ne place ce bonbon-là dans la catégorie adverbes :

ça va vous coûter cher.

Bonbon, ce serait un peu comme tintin alors. Ou dare-dare ou kif-kif ou toute autre syllabe redoublée pour le seul plaisir de l’avoir en bouche.
Pour la voiture, dites simplement teuf-teuf.

Merci de votre attention.