Obsolescence progra

 

Mais ?! Eeeeh oui : il va déjà falloir en racheter une autre, de merde. Ne venez pas faire les étonnés, vous aviez acquis celle-là en toute connaissance de cause.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

A l’achat, le vendeur de merdes ne commence-t-il pas par vous proposer une extension de garantie au-delà de la mort présumée de la merde ?
Sa franchise l’honore. C’est tout juste s’il ne vous donne pas rencart pour les obsèques.

 

L’obsolescence d’une merde, à première vue, n’est programmée que pour le juteux bénef qu’engendrera son renouvellement.

Dans ce cas, pourquoi les fabricants de merdes s’arrêtent-ils en si bon chemin ? Rien ne les empêche de pousser la logique. Et de s’arranger pour que la durée de vie d’une merde n’excède pas la semaine prochaine. Chiffre d’affaires multiplié par [censuré].

Au passage, qui dit merdes à refabriquer dit travail pour les niakoués tout le monde. Cet argument vertueux reste heureusement dans les cartons.

 

Car la véritable vertu de l’obsolescence programmée, la voilà : tout ça, c’est pour notre bien.

Si l’écrasante majorité des objets mis sur le marché est en CDD, c’est pour nous rappeler :

  1. que tout va trop vite et qu’il faut profiter pendant qu’il est temps.
  2. que rien n’est jamais acquis. L’objet nous lâche ? En un sens, tant mieux : pas le temps de s’attacher, adieu valeur sentimentale, fini le déchirement causé par sa perte.
  3. qu’il est dans l’ordre des choses que nous survivions aux objets, à une époque où les fantasmes d’immortalité vont bon train. Comme il s’agit là d’une autre forme de religion déguisée (rapport à la finitude qu’on ne peut pas trafiquer [ne peut pas souligné trois fois]), l’obsolescence merdique nous rassure sur notre propre longévité.

Enfin merde, c’est quand même pas les objets qui commandent.

Merci de votre attention.

 

Comment figurer dans le dictionnaire ?

 

C’est bien beau de prendre de l’âge, de la bouteille, du galon, encore faut-il passer à la postérité. Si possible assez durablement pour ne pas se faire jarreter des dicos du futur. Combien de gonzes jadis illustres ont ainsi disparu des écrans radars, du jour au lendemain, sans que personne ne s’émeuve de leur absence ?

C’est dire si votre renommée est subjective. Après tout, elle ne dépend que du bon vouloir des auteurs du dictionnaire. Ce petit conclave décidera seul de vous admettre aux côtés de Gandhi, George Washington ou votre arrière-grand-tonton – si tant est qu’il ait quelque chose à voir avec le fil à couper le beurre.

A quoi tient-ce.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en ambitieux civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Au même titre que la Légion d’honneur, un fauteuil sous la Coupole ou l’organisation de la prochaine Coupe du monde, il suffit de la demander, votre place dans le saint des saints. Si vous n’avez jamais rien branlé fait de particulier pour la mériter, insistez ; copinage et fayotage sont les deux mamelles de l’ascension.

 

♦  Le meilleur moyen de figurer dans le dictionnaire, c’est encore qu’il porte votre nom. Si Pierre Larousse avait vendu des chèvres au lieu de diriger l’ouvrage qui le consacre ipso facto, l’Histoire n’aurait retenu de ses productions que leur consistance un peu craie.

 

♦  Afin de laisser une empreinte potable, évitez de vous distinguer par des voies de fait qui terniraient votre gloire (Ravachol, Landru, deux ou trois dictateurs un rien susceptibles). Veillez également à ce qu’on ne vous associe pas systématiquement à des catastrophes (Richter, Lagaffe, Nagasaki…).

ben

♦  Un peu d’humilité, quoi ! Fondez-vous dans la masse des noms communs. Vous échapperez aux fréquentations douteuses (v. ci-dessus) tout en goûtant enfin la compagnie d’essoreuse, de vermouth ou d’alfalfa. Ou même, tiens, de dictionnaire, pour peu que vous ne soyez pas trop allergique aux mises en abyme.
Poubelle a ses entrées partout ? Ne l’enviez pas, on gagne rarement sur les deux tableaux.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

« Du lard ou du cochon »

 

Désarmé face à un interlocuteur pince-sans-rire, on a tôt fait de se demander « si c’est du lard ou du cochon ». Certains iront puiser dans le contexte ou chercher l’avis d’un tiers, pour mieux lever l’ambiguïté du propos. Ambigu, dites-vous ? Et si nous zieutions l’expression elle-même ?

Mais revenons à nos lardons, cochons.

Ecarquillement, révélation et décontenance : le lard, c’est toujours du cochon, dites donc. Hof oui, au hasard d’une boucherie hallal, kasher, d’un rayon de supermarché, vous trouverez bien des barquettes de « lardons » de volaille ou de canard, voire de saumon fumé ben voyons. Soyez sur vos gardes, c’est pour éviter d’écrire « finement émincé » (on a déjà essayé de vous faire le coup en dénaturant le tiramisù). Or, contrairement à ce qu’on a longtemps cru, le lardon n’est pas le fruit du lardonnier mais un petit bout de lard et le lard c’est dans le cochon, où tout est bon. A quand une AOC pour les lardons ?

Aussi, juger du sérieux ou non d’une assertion en n’ayant pour alternative que lard ou cochon revient à dire « pile, je gagne, face, tu perds » ; on n’est pas plus avancé. Jamais ne vous avait-ce frappé non plus, pendant toutes ces lunes ?

Au rang des absurdités alimentaires se faufile également « vouloir le beurre et l’argent du beurre ». Allez allez, où a-t-on observé qu’une motte de beurre disposait d’une fortune personnelle ? Avait des radis par-devers elle ? Voilà qui ne manquerait pas de sel. A l’inverse de sa voisine du dessus, la formule veut donc clairement dire ce qu’elle veut dire, à savoir désirer une chose parfaitement impossible.
Cholestérol toujours, la question « et mon cul, c’est du poulet ? » risque de rester longtemps en suspens. Le seul qui pourrait à bon droit la poser – le poulet – n’est pas doué de parole. Le serait-il d’ailleurs qu’il n’y aurait pas lieu de s’interroger : oui, son cul, c’est bien du poulet.
Quoique le terme croupion soit plus approprié. Le cul, c’est pour les cochons et ça ne donne pas de lardons, cette affaire.
Au moins un abus de langage que la Grosse Distribution n’osera pas se permettre.

Merci de votre attention.