Les nanas du sexe féminin s’en peinturlurent les cils depuis la nuit des temps. Il constitue à coup sûr le premier signe d’émancipation des fillettes qui font tout pour leur ressembler. Ajouté au fard à paupières, force est de constater qu’il embellit puissance 10. On se demande bien pourquoi les gars préfèrent jouer du biceps. Khôn comme un mâle.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Que masque le mascara ? Pas grand-chose pour l’espagnol, dont c’est le mot pour… masque. En anglais et en french, le cosmétique naquit mascaro (depuis 1883 chez les Grands-Bretons, vingt ans plus tard sous la plume de Colette). Auparavant, une mascarade a longtemps désigné une nouba masquée avant de devenir le simulacre que l’on sait. L’italien maschera signifiait-il pas « faux visage » dès le XIVe siècle ?
La faute au radical d’avant les langues romanes maska (« noir »). D’où maskara, « tache noire » ayant fait tache d’huile tout autour de la Méditerranée. On finit par rattacher la couleur aux spectres et autres personnages de sorcellerie, regroupés sous la bannière latine masca. Maintenant que vous le dites, rien de tel que de se noircir la caboche pour avancer masqué et avoir l’air méchant.
Ah ben oui au fait, on en oubliait le meschant du XIIe, participe présent de mescheoir (« arriver malheur », littéralement « tomber mal ») et son préfixe qui va bien pour « mal » (mésestimer, méconnaître). Même en anglais (mistake, to miss) ! Autant dire que çiloui-là, l’est passé par le Nord, où on a pu le croiser en missa- (« faux », « rater »). Auparavant, il courait partout en indo-européen déguisé en mei- (« changer », d’où muer, muter) et en mel-, dont la descendance va de malin à mélasse (via le grec mélas, « noir » ben tiens…).
Partant, du mascara sur des cils déjà noirs, permettez que je me gausse. Khôn comme une nénette. (C’est du rimmel que vous mettez ? Au temps pour moi).
En parlant de ça, jamais de raccord mascara qui tienne au volant, rogntûdjû ! Vous risquez juste l’accident bête et méchant. Z’aurez l’air malignes avec votre malus tiens.
Merci de votre attention.