Lune

 

Les lunettes ont été conçues pour observer la lune. Surtout pas le soleil, qui ne se regarde pas en face – même avec des solaires.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

C’est vrai ça, qu’est-ce qu’une lunette sinon une petite lune ? Du moins lorsque celle-ci est pleine ; des binocles en forme de croissants de lune, on n’y verrait que dalle.
En parlant de ça, rappelons qu’on a tous des lunules à la base des ongles. Et que lundi, premier jour de la semaine excusez du peu, lui est dédié.

Sa rotondité en évoque d’autres : on n’hésite pas à « montrer sa lune » si on est « mal luné ». A l’inverse, s’apprêter à « décrocher la lune » annonce une « lune de miel » des plus torrides romantiques.

 

A force de la voir luire, ce qui devait arriver arriva : on a déifié la belle en Luna. Chez les Anciens, elle désigne indifféremment l’astre et le mois lunaire, comme chez les Comanches. Les Anglo-saxons ne sont pas en reste : moon et month vont de pair.

Tout ceci remonte à leuksna-, prolongement du radical indo-européen leuk- qui éclaire encore dans tous les recoins, de light à Licht en passant par lumière, lueur, luciole et luxe (soit tout ce qui brille). Jusqu’au grec leukós, « blanc », qu’on retrouve dans des joyeusetés telles que leucémie (cancer de la moelle osseuse) ou leucodystrophie (affectant la myéline, cette substance blanche du cerveau et de la moelle épinière).
Voilà déjà un point d’élucidé.

 

Mais pourquoi la lune nous suit ? Justement pour nous éclairer où qu’on aille, et non – comme on voudrait nous le faire croire – parce qu’elle est plus loin de nous que le paysage terrestre qui défile.

La semaine prochaine, nous nous attaquerons à l’étymo de pleins phares.

Merci de votre attention.

 

Torviettes, serchons

 

Silence. Pitié pour le brave qui tente d’additionner des quarts d’heure en vue d’un total horaire qui tienne la route.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

La somme de 2h15 + 5h30 + 2h45 ne saute certes pas aux yeux.
A défaut d’une formule toute faite, deux écoles s’affrontent :

Séparer les blancs des jaunes.
Les quarts d’heure d’un côté, les heures de l’autre. L’inconvénient avec 9h90, c’est qu’il faut encore incorporer délicatement à la fin. Et par paquets de 60 sinon c’est raté.

Grimper palier par palier.
   2h15
+ 5h30
   7h45

+ 2h45
 10h30.
Les petits cumuls s’y prêtent bien. Mais s’ils tirent en longueur ? Gobez-les cul sec, sans quoi la tournée d’Aspégic est pour votre pomme.

 

Tout ça parce que les unités s’imbriquent comme des poupées russes.

Si les heures se suivent et se ressemblent, les minutes y sont limitées à 60, c’est le système sexagésimal qui veut ça. Libre à vous de repartir avec « sexagésimal » sous le bras ce jour.

Car la seconde est à la minute ce que la minute est à l’heure : une durée définie pour arranger tout le monde. Imaginez qu’1 minute équivale à 61 secondes. Ou à 1h47. Ou à une nuit de débauche.

N’escomptez donc pas, pauvres pécheurs, un résultat blanc ou noir en ajoutant de l’absolu (heure) à du relatif (quart d’heure).

 

Dans la même veine, à moins de penser H24, bon courage pour convertir des heures en journées.

Et les mois ? Font ce qu’ils veulent dans la vie, ceux-là. Un coup à 30 jours, un coup à 31, parfois deux fois de suite (pour ménager les susceptibilités d’augustes empereurs oubliés). Y’en a même à 28. Et à 29 mais seulement tous les quatre ans.

Malgré tout le mal qu’on se donne, on n’a pas prise sur le temps.

Merci de votre attention.