Si vous doutiez du je-m’en-foutisme de l’industrie tatanière, examinez plutôt les lacets de vos chaussures neuves.
Pas moins choquant que si la paire vous était livrée en kit.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Ouvrez n’importe quelle boîte dans n’importe quelle officine se targuant de vous faire marcher : vous tomberez invariablement sur un laçage qu’on jurerait abandonné précipitamment – ou laissé aux bons soins du beuls de service, pas possible autrement.
Au lieu de passer par les deux trous du bas et de remonter gentiment par chaque trou supérieur en se croisant (comme vous le feriez vous-même en changeant de lacet), un seul côté se permet de couper à travers champs du dernier au premier trou, tandis que l’autre moitié respecte scrupuleusement le va-et-vient.
Résultat : un lacet schizophrène, qui traverse la languette à découvert et en diagonale sous des croisillons en bonne et due forme.
Non seulement c’est moche mais c’est d’un irrespect complet vis-à-vis de l’acheteur. Lequel, à peine de retour dans ses pénates, se voit contraint de tout défaire et de tout recommencer en demandant pardon à la symétrie offensée.
Quant au pauvre lacet, on le considère comme quantité négligeable, à commencer par les vendeurs indifférents.
Dans la même veine, pourquoi ne pas nous fourguer des ceintures sans trous ou des boutons de veste à coudre soi-même ? Non mais oh ?
En signe de protestation, ne nous baladons plus qu’en scratchs ou en bottes en caoutchouc.
Merci de votre attention.