Robinet

 

Tous les problèmes de baignoire qui enchantèrent nos cours d’arithmétique seraient de la gnognote sans le robinet et son débit merdique capricieux.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

On ne peut pas croire que Robinet soit le nom de l’inventeur. Vous comme moi ne pourrions décemment pas regarder « petit Robin » en face à chaque ablution – à plus forte raison vous, nanas du sexe féminin. Dans ces conditions, aquatique toujours : quid de cabinet ? M. Cabin n’a qu’à ben se tenir.
Heureusement, cette étymo est plus que raccord avec nos moutons, z’allez voir.

 

Les luthiers de la fin du XIIIe siècle appellent robinet le bout recourbé du manche de leur instrument. Et pourquoi diantre ? Parce qu’il est sculpté en forme de tête de robin, soit le mouton d’alors. C’est pas de l’étymo quatre étoiles, ça ?
On connaissait goupil pour renard, connil pour lapin*, bienvenue au mouton robin.

Par la suite, les « appareils placés sur un tuyau de canalisation que l’on peut ouvrir et fermer pour régler le passage d’un fluide », ornés du même motif, gardent le sobriquet (1401).

 

Robin a d’ailleurs la vie dure, qui désigne encore indifféremment « mouton » et « taureau » dans les dicos du XIXe et même du XXe siècle.
Voyez venir le pourquoi du comment : si robin est péjoratif, c’est qu’il évoque un « personnage sans considération » (1350), « niais » (fin XVIe), autrement dit un péquenaud dans toute sa splendeur.

 

Car Robin n’est autre que Robert déguisé. Au Moyen-Age, z’étiez catalogué comme bouseux avec un prénom pareil. Parcourons l’Histoire de France : sur le trône, les Robert ne se bousculent pas des masses.

Et quand on sait que de l’autre côté des eaux, le diminutif de Robert donne Bob, on relativise la honte qu’il y aurait à appeler le plombier pour un bob qui fuit.

Merci de votre attention.

 

* pas de contrepèterie, coco, te fatigue pas.

Brun de toilettes

 

Juillettiste, aoûtien, même combat. Trop souvent, le chemin de la pause pipi mène à ces aires d’autoroute pour lequel l’adjectif immonde semble avoir été inventé. Non pas les plus fréquentées, aux WC quotidiennement entretenus car intégrés au restaurant ou à la station-service. Je veux parler des cabanons généralement en briques n’offrant à l’estivant que la possibilité de se soulager – ou de se retenir encore 72 km, tant la pestilence y est insoutenable.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Allez savoir pourquoi, détergents et serpillières semblent avoir déserté depuis l’origine ces oasis de fétidité. Où viennent grossir nos propres humeurs : pissous de tribus nordiques, grosse commission belge, urine de Hollandais à caravane, générosité italienne, écoulements allemands, souvenirs du Portugal, gouttelettes anglaises, sécrétions du Liechtenstein, flaques helvétiques, Turques dans leur élément… Vous avez raison, vaut mieux pas savoir. Sur l’échelle de la civilisation, cet enfer sur terre, ce summum du refouloir, cette internationale de la pisse nous relèguent plus bas que l’animal. Lequel en effet n’assouvit jamais ses besoins en meute, marquant son territoire justement pour dissuader ses congénères d’y lever la patte.

Solution ? Déménager le péage pile à l’entrée, afin d’inciter les plus rétifs à l’élémentaire hygiène à faire dans les règles de l’art. Ou couper à travers champs et s’arrêter incognito au milieu des blés. Mais traînez pas, surtout que c’est le coin des renards.

 

Décidément impayable, une encyclo en ligne nous apprend que

ces aires sont très propres, les sanitaires sont nettoyés tous les jours par les services autoroutiers.

C’est bien simple, on pourrait manger par terre. Bon alors, jambon-beurre, saucisson, fromage, miasmes, qui veut quoi ? Wikipédistes, vous nous faites pisser de rire tiens.

Merci de votre attention.