Dans le droit fil d’« habiter (à) », voilà un dilemme sur lequel nous butons comme des mutons. Disons-le tout net : quand arrive arrive, on n’arrive jamais (à) décider du sort de la préposition.
Mais revenons à nous, moutons.
Ce à, le locuteur exigeant qui sommeille en vous vous hurle pourtant de ne surtout pas l’oublier. En ajoutant « khônnard » afin de ne laisser aucune place à l’indulgence.
Car, bien souvent, votre envie de vous mesurer à vous-même et aux autres est sanctionnée par ce constat :
j’y arrive pas.
Y sous-entend l’action au point qu’on en vient inconsciemment à virer à.
T’arrives monter ou je te fais la courte ?
Notez que courte sous-entend échelle au point qu’on en vient à la virer sans ménagement, elle aussi. Résultat : trois côtes cassées.
Mine de rien, arriver s’octroie donc les mêmes pouvoirs que pouvoir, derrière lequel en effet l’infinitif suffit :
je peux/j’arrive le faire.
Vilain, certes, à lire comme ça, mais la locution tronquée est si tentante qu’elle prend parfois ses aises :
Il n’arrive plus s’en passer.
Avouez que glisser un à là-dedans flirte avec l’incongru ! Mais remplacez par parvenir.
Pour les battements de coulpe, c’est par ici.
A la décharge d’arriver, on le laisse souvent se balader tout seul, çiloui-là. Par exemple, à l’appel de votre nom, votre premier réflexe n’est-il pas de répondre :
J’arrive !
Eculé stratagème qui vous donne du répit pour finir vos trucs en cours mais qui a le don d’énerver la cantonade, laquelle aimerait bien passer à table, si c’était possible.
Et, au terme d’un long trajet émaillé de
C’est quand qu’on arrive ?,
lorsqu’enfin
on est arrivé,
c’est à destination.
En tendant l’oreille, les malades en voiture auront même la chance d’entendre les grumeaux du vomi déclarer : « nous v’là rendus ».
Merci de votre attention.