Se tapir

 

A ne pas confondre avec ce tapir :

tapir

se tapir ne laisse pas d’intriguer. De même que se taper ne laisse pas d’intriguir, quoique cette perspective nous zobnubile démesurément.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

C’est généralement tapi dans l’ombre que s’observe cette forme verbale. Le pléonasme est proche car où se tapir sinon ? Par terre, diront les esprits forts. Sauf que « tapi par terre », le pléonasme fond droit sur nous. Se tapir, c’est de toute façon à plat ventre. Ou alors on n’est pas tapi.

Nous voilà donc au sol, sans bouger.

 

Un eurêka soudain se déchaîne alors : y aurait-il un lien entre se tapir et nos cousins les tapis, voués eux aussi à mordre la poussière ? Et la tapisserie ne serait-elle pas l’art d’aplatir les lés ?

Allons-y à la décolleuse, on ne sait jamais ce qu’on va trouver là-dessous.

 

D’autant que se tapir ne date pas d’hier. A vrai dire, c’est de l’ancien bas francique : tappjan, « fermer, enfermer », même famille que tappo, ayant donné tapon : « bouchon », variante aujourd’hui inusitée de tampon.

Si l’image d’une boule Quiès surgit ici, c’est que tappjan ressemble à (be)stuppon, autre bas francique tout aussi hermétique : « se boucher (les oreilles) ». Accessoirement l’un des ancêtres de stop, rien que ça.

 

Mais la piste du tapis se barre !

Car si tapisser revient initialement à « couvrir de tapis », on le doit au bas latin tappetium et au grec tapetion avant lui, diminutif de tapes, tapetos : tapis tout ce qu’il y a de plus tapis.

Tapi dans l’ombre était l’indo-européen temp-, « étendre », d’où « étendue, espace » sur lequel on a formé à la fois contempler, temple et surtout temps, mes moutons. Tout ça à dos de tapis !

Sur ce, stop car il est temps.

Merci de votre attention.

 

Comment mettre fin à la malédiction des acariens ?

Epousseter, aspirer à intervalles réguliers : presque un devoir moral. Si sur le moment l’opération vous délivre des acariens, ces asticots avant la lettre, elle est pourtant vouée à l’échec d’une fois sur l’autre. Et le ménage (ou manège) de recommencer indéfiniment.
Pour une raison simple : les acariens ont toujours l’avantage du nombre. Ces saloperies prolifèrent par surcroît à l’échelle microscopique, ce qui fait que tac, pas moyen de déjouer leurs plans.

A l’instar de Pénélope défaisant son ouvrage à la nuit tombée, tel Sisyphe poussant désespérément son rocher, vous partez donc perdant en toute connaissance de cause.
Certains sont plus atteints que vous, qui passent leur temps à essuyer le moindre pet de moustique de leur carlingue. Mais de là à vivre dans la crasse !

 

Rassurez-vous, pas question de capituler.
D’autant que notre merveilleuse technologie nous a gratifiés du lave-vaisselle, de la machine à laver le linge et du ramasse-miettes qui débarrasse quasiment à votre place.
Et vous voudriez passer votre antique chiffon ad vitam aeternam ? Au risque d’entretenir par-dessus le marché une guerre civile larvée pour le partage des tâches ? Allons allons.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en fée du logis civilisée.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Notez déjà que les acariens n’en veulent qu’à vos murs. A l’état sauvage, ils brillent par leur discrétion. Si dame Nature n’est pas toujours immaculée, on ne peut pas dire qu’elle soit poussiéreuse. L’écosystème semble même les intégrer pour mieux en venir à bout (prédateurs, intempéries…). Dans ces conditions, vous pouvez vivre sans crainte au grand air et dormir à la belle étoile.

 

♦  Après tout, un acarien n’est jamais qu’un arachnide de merde. Laissez tomber votre encaustique favorite et appliquez partout un mini-insecticide savamment étudié pour désintégrer l’indésirable tout en épargnant meubles, sols, matériel hi-fi et planète (à défaut, disposez du papier tue-mouches partout partout).

 

♦  De même, la fabrication d’épouvantails modèle réduit filera des crises cardiaques aux envahisseurs et vous permettra de recycler fèves, Playmobil, jouets Kinder et autres bibelots de la belle-doche au cours d’une séance joyeusement créative.

poussiere2

♦  Si, au premier rayon de soleil, les acariens ont l’outrecuidance de vous coloniser à nouveau (et à découvert encore bien), il y a peu de chance que ce soient justement ceux que vous venez d’expulser par la fenêtre à grands coups de chiffon. A moins de trop apprécier votre intérieur pour aller voir ailleurs, les équipes tournent. Ne vous laissez pas abuser par la ressemblance.

 

♦  Au cas où il resterait des moutons sous le lit, comptez-les pour vous endormir.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.