Qui décide que le masculin l’emporte ? Sans vouloir défendre les filles du sexe féminin, on a bien une petite idée. Quant à savoir qui décide du masculin tout court (ou l’inverse), personne d’entre vous n’a été consulté, jusqu’à preuve de la contraire.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Mesurez le mérite des Grands-Bretons apprenant le français : ils n’ont aucun moyen de mémoriser le genre des noms, absorbé chez the par un zeux unisexe (ou l’inverse). Sueurs froides à chaque phrase.
Pire encore en chleu, où les possibilités passent à trois : der/die/das. L’on s’en tire bien, nous autres binaires vertueux.
N’empêche n’empêche :
une enzyme,
un haltère,
une immondice,
un pétale.
On ne s’y fait pas. Trouvez pas qu’« une pétale de rose » serait plus naturel, surtout au milieu de ces immondices ?
Bonne manière de contourner le problème : contenter tout le monde façon ONG.
Jour/journée,
matin/matinée,
soir/soirée.
Et pour après-midi ? L’hermaphrodisme ne réconcilie pas la nation, loin s’en faut.
Sans compter que certains spécimens virent leur cuti au cours des épisodes. Là encore, sans qu’on en suppute la raison profonde.
Mais c’est sans doute sur le genre des bleds que règne l’arbitraire le plus total. Pour s’en sortir, certains recommandent de zieuter la dernière lettre : consonne = masculin (sauf pour la Nouvelle-Orléans). Voire la dernière syllabe : muette = féminin (sauf pour la Nouvelle-Orléans).
D’où l’on conclut que la Nouvelle-Orléans est un lieu de perdition.
Au moment où se fabrique le mot, direz-vous, les suffixes marquent automatiquement le genre :
un couteau/une fourchette.
Mais ça ne résout pas l’énigme de départ. Pourquoi pas
coutelle/fourcheau ?
Le sens n’en serait pas tellement bouleversé.
Quant à ceux qui bouffent leur Nutella à la cuiller, renvoyons-les à leurs chères études.
Merci de votre attention.