Au nom du père

 

Soyons visionnaires. On s’étrangle de moins en moins du fait que Mme Machin, lorsqu’elle épouse Tartempion, ait le choix entre garder son nom de jeune fille ou perdre son identité devenir Mme Tartempion. Dans combien de milliards d’années le fruit de leur union cessera-t-il de s’appeler automatiquement Tartempion ?

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Article 43 de la loi n° 85-1372 du 23 décembre 1985 :

Toute personne majeure peut ajouter à son nom, à titre d’usage, le nom de celui de ses parents qui ne lui a pas transmis le sien.

A la naissance jusqu’à la majorité, avantage au père donc. Avant tout pour des raisons pratiques : madame étant en couche, c’est monsieur qui file le reconnaître.
Or contrairement à une idée reçue,

aucune disposition légale ne règle la transmission du nom patronymique à l’enfant légitime.

Mais depuis 2005 (une vibrisse de protozoaire à l’échelle de l’humanité),

un enfant dont la filiation est établie à l’égard de chacun des parents, peut porter :
soit le nom du père,
soit le nom de la mère,
soit les 2 noms accolés dans un ordre choisi par eux et dans la limite [du ridicule].

Une « déclaration conjointe de choix de nom » et emballé, c’est pesé. A défaut, le nom du père s’applique, si le couple s’est dit oui devant témoins. S’ils l’ont fait aux chandelles, et uniquement en cas de reconnaissance tardive du papa, c’est le blase maternel qui échoit à Junior. Qui le savait ?

Comme si une gamète mâle valait plus qu’une gamète femelle ! Dame Nature se bidonnerait dans les grandes largeurs.

 

Loin de toute revanchardise féministe, pouvoir choisir le nom du gniard relève de la logique pure.
Et républicaine de surcroît : liberté, égalité, fraternité. Les filles naissent libres et égales en droit à leur blaireau jules. Devraient-elles pas décider avec lui de leur lignée ?

 

Oui mais Dieu n’est-il pas le père de tous les hommes ? Nom de Dieu ! Voilà pourquoi les nanas du sexe féminin n’ont pas voix au chapitre !
Virons athées une fois pour toutes, et profitons-en pour changer de vocabulaire. Parce que prononcer a-thée (« sans dieu »), c’est encore raisonner en fonction d’une norme (« dieu ») qui manifestement n’existe pas hein.
Dans les grandes largeurs, vous dis-je.

Merci de votre attention.

 

Célibataire

 

Les sites de rencontres se disputent l’honneur d’éradiquer le plus de spécimens possible. Comme si le choix d’un bon paquet de célibataires – les plus endurcis – de ne pas devenir qu’une moitié ratatinée par le quotidien n’était pas délibéré ! A pisser dans sa culotte, quiconque la porte.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Tel le grabataire gardant le grabat (voui voui), le célibataire vit dans le célibat mais lui est tout à fait libre de partager son plumard.

Montaigne évoque dès 1549 « le coelibat des prebtres ». Ecrit comme ça, la parenté saute aux yeux avec le caelibatus latin, dérivé de caelebs. Qui, tiens par hasard, ne viendrait point de caelum, le ciel, tant qu’on y est ?

N’en déplaise aux célibs qui auraient pu repartir tout requinqués par cette céleste ascendance, aucun rapport. Pas plus qu’avec une célébrité quelconque, faut pas se faire d’illusions.

 

Caelebs se décompose en réalité comme suit :

  • cae-, qu’il nous est donné de zieuter dans caecus (« qui n’a qu’un seul œil » → cécité) ;
  • -lebs pour dire « vivre » (→ to live, leben, du radical indo-européen leip-, « demeurer »).

 

Par définition autosuffisant, le célibataire ne cède donc pas aisément aux sirènes de l’amour qui, pas fou, le rendraient plus aveugle encore.

Merci de votre attention.